Le
Café Littéraire luxovien /Rencontre avec un écrivain (2) |
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Dernière mise à jour : 5 août 2016
Passion cheval avec Anne Delsart
par Marie-Françoise: Entrant d'emblée dans le vif du sujet, Anne Delsart proposait d'admirer des photos en feuilletant deux magnifiques albums couleur: Chevaux de Yann Arthus-Bertrand (éd. du Chêne avec des textes de Jean-Louis Gouraud), et Chevaux, de Gabrielle Boiselle (éd.White Star), s'attardant sur le versant équithérapeute de l'animal qui y est évoqué, puisque son récit personnel intitulé Éléana (éd. Edilivres 2015) qui témoigne de son amour des chevaux et du rôle qu'ils ont joué dans sa lutte contre un cancer, en est une belle illustration. Vite l'on s'aperçut qu'Anne, non seulement aime les chevaux (ce depuis l'âge de cinq ans, même si elle n'a pu commencer à les monter qu'à près de trente trois ans et plus tard encore en acquérir deux: Ananas, puis Liam) et connaît parfaitement le vocabulaire propre à l'équitation et le comportement de ceux-ci (ce dont on s'était rendu compte à la lecture d'Éléana), mais que sur eux, elle sait tout, absolument tout. De leurs différentes espèces, et il en est de si nombreuses, de leurs caractéristiques, de leurs tailles, de leur robes, des allures qu'ils ont naturellement selon leurs races, des soins à leur donner, etc., etc. Et elle a même, pour renseigner une personne qui disait être allergique à leurs poils et ne pouvoir, hélas, les monter, indiqué la seule race de chevaux dont le poil est anallergique! Mais sa connaissance ne s'arrête pas là, du point de vue littéraire aussi, Anne, qui possède dans le domaine du cheval une imposante bibliothèque et est professeur de français, en connaît un rayon. De sorte que, si elle a présenté son propre ouvrage en lisant de larges extraits d'Éléana, elle a, pour le plus grand plaisir de l'auditoire réceptif et à l'écoute, fait quelques larges détours par d'autres écrivains. Ainsi, lisant de façon très expressive l'un ou l'autre texte plein d'humour extrait de "C'est pas con un cheval. C'est pas con !...", anthologie d'écrits sur le cheval de Jean-Louis Gouraud ("la" référence dans le monde équestre) et Cie, elle nous a fait passer alternativement de la franche hilarité, avec les textes intitulés: La cuiller écuyère (truffé de jeux de mots)de Richard Abécéra , La chasse à courre de Noé de Jean-Claude Racinet ou Le pas d'armes du roi Jean de Victor Hugo, à l'intense émotion lors de certains passages d'Éléana... sur son cheval perdu, sur tout ce qu'elle leur doit, pour revenir à des propos plus apaisés. Démarche que l'on trouve d'ailleurs dans son livre, non dénué d'humour, où les moments exprimant douleur et peine sont suivis immédiatement d'autres aux accents poétiques exprimant le bonheur qu'elle veut trouver, et trouve, malgré la maladie, au sein de la nature dont elle aime s'imprégner de la beauté ainsi que, bien sûr, de celle de ses chevaux, de l'amour et la complicité qu'elle entretient avec eux. "Le cheval est un festival de délices quotidiennes. Il vous offre sa beauté, sa noblesse, sa force. Le vivre au quotidien, par le toucher, l'odorat, la vue,permet de s'oublier soi-même pour revivre en lui. On en ressort grandi..." Et elle confie que si elle s'est battue contre la maladie, c'est pour ses amours: son époux et ses chevaux. Une complicité avec ses chevaux qu'elle a acquise grâce au temps passé sans compter auprès d'eux. Une complicité exceptionnelle en ce qui concerne Anne et Ananas et Liam, que bien des cavaliers sont loin de savoir obtenir des leurs. Bref ce fut une belle et enrichissante après-midi d'échanges. Anne Delsart, intarissable sur le sujet de ses chers chevaux, s'attachant à répondre généreusement avec précision et clarté à la moindre question. Un grand merci à elle.
PS. Avant de devoir, hélas, partir, l'après-midi étant déjà trop avancé. Anne a dédicacé quelques Éléana dans lesquels elle a apporté une récente amélioration: l'insertion d'un feuillet mobile qui définit les termes de l'équitation employés, de façon à en faciliter la compréhension au lecteur non cavalier.
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Rencontre avec Guy Leduc et Claudine Véderine
Si l'on veut
aborder "Voyage au pays de Colomban" d'un point de vue littéraire, le personnage principal
est, nous dit Guy Leduc, Luxeuil.
Luxeuil et le territoire qui l'environne. Territoire qu'avec Claudine
Véderine il a parcouru sur plus de trente mille kilomètres avant de le
"mettre en récit", y rencontrant, des élus, des artisans, des artistes, des habitants avec lesquels ils
ont créé des liens, ayant accès à de nombreux textes et archives.
*Il est possible de se procurer Voyage au pays de Colomban à l'office du tourisme de Luxeuil.
Sylvie Pernot, jeune
femme franc-comtoise d'une quarantaine d'années qui affectionne les
histoires d'amour a écrit son premier roman à
17 ans sur la machine à écrire
de sa grand-mère et depuis ne s'est plus
arrêtée. Pourtant, c'est seulement depuis 2006 qu'elle a décidé de
faire publier ses écrits. Les premiers, à titre confidentiel, les
suivants en un peu plus grand nombre pour tenter de toucher éditeurs et
public.
Rencontre avec Arnaud Friedmann
C'est fort aimablement que Patrick Samuel, qui a fait ses études secondaires au lycée Mathy de Luxeuil dont il est originaire avant d'intégrer HEC, Sciences Po et l'ENA, puis de mener une carrière de haut fonctionnaire et de diplomate en Afrique et en Asie, s'est prêté aux questions des membres du Café littéraire luxovien sur ce qui fut son travail de diplomate et leur a présenté les grandes lignes qui sous-tendent son ouvrage : L'errance du sanglier, paru en 2012 aux éditions Tensing, après qu'il eût publié en 2000 une biographie de Michel Debré intitulée : L'architecte du Général.
Grand lecteur de Proust, Patrick Samuel connaît et emploie encore la
belle écriture, en phrases longues qui permettent certaines
précisions, les digressions, la flânerie…, à l'inverse de
l'écriture "rapide" et plus facile de la plupart des livres
d'aujourd'hui…
Ce fut une histoire à lui contée sur un personnage qu'on dénommait
Gros Nez Rouge, qui a réellement existé mais qu'il n'a jamais
rencontré, et sa propriété dévastée par un sanglier qui déclancha
l'écriture de son livre. Sur ce point de départ,
Patrick Samuel a brodé, profitant du récit pour régler des comptes,
beaucoup avec sa mémoire.
L'un des personnages de L'errance du sanglier est un immigré
sénégalais que le narrateur croise et recroise au fil de ses
pérégrinations. Un deuxième, également émigré, est la
réalisatrice Mégara. Patrick Samuel nous a confié s'être inspiré du
tournage dramatique du film Apocalypse Now de Coppola pour écrire son
histoire.
Le narrateur, comme le sanglier donc, en errance, c'est un
peu, mais un peu seulement, Patrick Samuel, puisqu'il s'agit ici
d'autofiction et non pas d'autobiographie, même si le livre commence
par "Appelez-moi Samuel", en clin d'œil au Moby Dick
d'Hermann Melville. Le narrateur de L'errance du sanglier est en effet surtout observateur et s'il est très peu impliqué dans ce qui arrive, parfois de dramatique, aux protagonistes hauts en couleurs qu'il croise, c'est que Patrick Samuel, très discret sur lui-même, ne fait pas étalage de ses propres sentiments, ne le saurait pas. Même si la chute d'une phrase toute simple comme par exemple celle où il évoque sans la nommer la ville de Luxeuil-les-Bains où il est né, est lourde de tout un non-dit : "J'avais toujours aimé les jardins : ceux des villes d'eaux comme celle où j'étais né avec leurs parterres souvent trop fleuris et trop dessinés et les bancs sur lesquels les vieilles dames en cure tuent le temps d'ennui qui leur reste." Le lecteur pense à leur attente lors de ces longues journées de cure, bien sûr, mais entrevoit plus loin, le temps qui leur reste à vivre, celui parfois pesant de l'extrême vieillesse… Le livre est comme cela, empli de sentiments voilés, à deviner. Mais sur ce point, Patrick Samuel ne nous confiera rien…
À la retraite depuis le 5 juillet 2013, le haut fonctionnaire qu'il
était vient de voir brutalement sa vie changer, et se sent un peu comme
son narrateur, en errance… en attendant de reprendre ses marques. Il
confie s'être toujours senti plus ou moins en contradiction avec lui-même.
Alors qu' il rêvait de mener une vie aventureuse, de risque et d'imprévus, il
a mené, dit-il, une longue carrière conventionnelle dans la diplomatie
après des études de bon élève obéissant…
Rencontre avec Jean-Philippe Bernié
par Marie-Françoise: Jean-Philippe Bernié, qui s'est lancé dans l'écriture depuis plus d'une dizaine d'années, n'est pas de formation littéraire. Après avoir obtenu un Doctorat de génie chimique à Toulouse, d'où il est originaire, et avoir poursuivi des recherches à l'Université McGill à Montréal, où il vit, il est actuellement Consultant et place ses récits dans son univers, celui de la recherche universitaire. Il est prêt à mettre tout en œuvre et à donner beaucoup de son temps pour écrire de bons livres et les présenter aux lecteurs. Accueilli pour la deuxième année consécutive lors de son séjour d'été en France par les membres du Café littéraire luxovien à l'occasion de la parution du deuxième tome des aventures de son héroïne Claire Lanriel, J'attendrai le temps qu'il faudra, c'est de manière claire et sympathique, avec son charmant accent toulousain, que l'auteur a dévoilé le côté technique des mises au point successives que nécessita son manuscrit avant parution. Publié aux éditions québécoises La courte échelle, il a effectué ces remaniements avec l'aide de sa directrice littéraire, Geneviève Thibault, en ce qui concerne la cohérence du récit, les allègements, afin de ne garder, et d'ordonner si besoin en était, que ce qui est nécessaire à sa compréhension et à sa progression… C'est elle aussi qui a proposé le titre J'attendrai le temps qu'il faudra, plus accrocheur que Château de cartes, sous lequel Jean-Philippe avait provisoirement intitulé son fichier de travail. Puis avec Hélène Ricard, la réviseure, il a travaillé sur le mot à mot avant que le manuscrit ne soit confié au metteur en page qui se chargea de la vérification des tirets, eut le souci d'éviter les lignes veuves ou orphelines (c'est-à-dire les dernières et premières lignes d'un paragraphe isolées en haut ou en bas de page), etc., ce qui nécessita encore quelques légères modifications dans le texte. Mais Jean-Philippe Bernié n'est pas de ces auteurs qui n'admettent pas qu'on change la moindre virgule à leur écrit, il accepte au contraire tout ce qui peut améliorer le récit, tout en restant maître de son texte. Aucune modification d'ailleurs n'a été faite sans son accord.
Ces mises au point, coûteuses en dizaines d'heures de travail de personnel pour la maison d'édition, sont pour celle-ci un investissement, puisqu'elles forment l'auteur qui sera à même par la suite de lui présenter des manuscrits presque aboutis. Car si La courte échelle a accepté de publier l'an dernier le premier volume de Jean-Philippe Bernié intitulé Quand j'en aurai fini avec toi , c'est parce que son auteur ne veut pas se borner à un ou deux titres, mais envisage une série à long développement et accepte d'écrire également des romans pour le secteur jeunesse, car pour lui, «les romans jeunesse ne sont pas un sous-produit, mais des romans pour adultes qui peuvent être lus par des jeunes». Il travaille en effet déjà sur le manuscrit du tome 3, attendu par l'éditeur pour février, qu'il écrit concomitamment à trois livres pour la jeunesse. Ce tome 3, il en avance l'écriture sans plan préconçu, mais en ayant établi ce qu'il appelle une "Bible des personnages", c'est-à-dire une fiche pour chacun d'entre eux, car il doit bien les connaître, savoir toujours ce qui se passe dans leur tête, montrer les traits importants de leur caractère, afin que leur comportement, soit cohérent au fil du livre en cours, et des suivants. Ce volume, confie Jean-Philippe, clora la trilogie des intrigues pour le pouvoir qui se nouent au sein de l'université Richelieu à Montréal. Université imaginée par l'auteur, qui nous dévoile penser dans le futur tome 4, garder son héroïne, Claire Lanriel, mais la situer dans son enfance. Un pan de sa jeunesse était d'ailleurs, bien qu'à peine, évoqué dès le premier volume. Cette nouvelle perspective permettra sans doute de découvrir ce qui a forgé son caractère, ce qui l'a amenée à être la scientifique obstinée qu'elle est, l'a rendue ambitieuse, lui faisant briguer les hauts postes du professorat universitaire et faire ce qu'il faut pour y parvenir quitte à exploiter quand ce n'est écraser ses collègues et étudiants. Pour l'aider à apprendre les ficelles du métier, et lui permettre d'identifier ce qu'il écrit intuitivement et donc de mieux faire, sa directrice littéraire lui a conseillé un ouvrage théorique de référence : La Dramaturgie, les mécanismes du récit, d'Yves Lavandier. Ouvrage très intéressant pour comprendre la structure d'un texte de fiction même s'il est empli d'exemples tirés le plus souvent du théâtre ou des scénarios de films. Jean-Philippe nous en a cité quelques-uns pour nous expliquer les étapes de l'avancée dans l'œuvre à partir de l'événement déclencheur, ou l'ironie dramatique qui consiste en le fait que le lecteur sait ou devine des éléments que les protagonistes ne savent pas. Il faut dire que Jean-Philippe Bernié écrit de façon linéaire et qu'il se place du côté du narrateur omniscient. Il n'emploie pas le "Je". Son écriture est rapide, cinématographique, dans le sens où ses œuvres, qui s'apparentent à la catégorie polar ou thriller, pourraient très bien être adaptées pour le cinéma ou une série télévisée. Mais pour cela, qui pourrait seulement commencer à rapporter de l'argent, il faudra qu'il tienne le rythme et produise au moins cinq à dix tomes à succès. Ensuite peut-être pourra-t-il vivre de son écriture ? Il opine de la tête lorsqu'on lui fait remarquer que sa maison d'édition est en train de faire de lui une machine à produire… Et si on lui demande «Qu'est-ce pour vous qu'un bon livre?» Étant lui même grand lecteur, il répond : «Celui qui vous fait rater votre station de métro. Et un très bon livre, celui qui vous la fera rater encore dans cinquante ans». Souhaitons que ses œuvres seront de ces dernières, en tout cas, pour l'heure, lorsqu'on commence l'un de ses thrillers, qui peuvent se lire séparément sans que cela nuise à la compréhension, on ne repose pas le livre avant d'en avoir terminé la lecture.
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(Lien
vers la première rencontre de juin 2012)
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