Le Café Littéraire luxovien
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  avec des fantômes
   

 

    Elle sait ou elle devine que je suis tout à fait seul, que je vis avec des fantômes  dont quelques-uns hantent ces pages.

François-René Daillie, Le Divertissement

 

      Parfois on fixe le paysage en pensant aux gens qui s'y plaisaient. Le souvenir des morts s'infuse dans l'atmosphère.

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

 

Il reste d'une personne aimée et disparue une matière subtile, immatérielle: une absence que l'on peut ressentir comme une présence dont plus rien désormais ne peut ternir l'éclat. 

Anne Pauly, Avant que j'oublie

 

Cet après-midi-là, je  tournais et retournai les pages de l'album, d'avant en arrière, d'arrière en avant, et je n'ai depuis cessé de le refeuilleter car à regarder les photographies qu'il renferme, il me semblait effectivement et il me semble encore aujourd'hui que les morts reviennent ou bien que nous sommes sur le point de nous fondre en eux.

W.G. Sebald, Les Émigrants

 

      Miyuki se rappela avoir entendu Natsume affirmer qu'un fantôme se détachait d'un être humain quand celui-ci subissait un violent traumatisme, de même que le meilleur des fruits tombe de l'arbre quand l'orage le secoue. Ces entités blessées, ces spectres encore vivants, étaient réputés demeurer là où s'était produit le choc; et là ils mûrissaient, jusqu'à pourrir, jusqu'à se liquéfier, et là ils finissaient par se fondre dans la terre. 
       N'était-ce pas dans ces parages de la Kusagawa, là où son lit s'élargit et se hérisse de rochers qui accélèrent sa course vers la mer, que Katsuro s'était noyé? Et la grande carpe noire ne pouvait-elle être son fantôme achevant son arrachement et sa métamorphose? 

Didier Decoin, Le Bureau des Jardins et des Étangs

 

Ghost La phrase qui alerte Anne, c'est la dernière : «My family treated me as a ghost», ma famille me traitait comme un fantôme. (...) Ce mot, ghost, fantôme, a alerté Anne. Elle sent qu'il n'a pas été prononcé à des fins d'expressivité, qu'il ne relève pas d'une expression toute faite où il aurait pu tout aussi bien être remplacé par un autre, «chien» par exemple. Ma famille me traitait comme un chien. Non, ghost ne peut être remplacé, ce mot est épais, lourd de sens. Il a à voir avec des traditions secrètes, des croyances et des rituels dont Anne ne saura jamais rien. Il charrie une réalité concrète, celle d'une entité indésirable, peut-être sous l'emprise de puissances occultes, et qu'il faut contrer par l'exclusion. Considérée comme un «fantôme», Destiny ne pouvait susciter que le malveillance. 

Pierrette Fleutiaux, Destiny

 

Nous sommes entourés de fantômes. Vous et moi sommes des fantômes. Moi, plus que vous. Je ne suis que l'ombre de celle que j'ai été, parce que j'ai trop pleuré, voyez-vous? Nous avons vu des choses que nous n'aurions jamais dû voir. Nous avons perdu notre innocence. Pas vous, mon garçon, pas vous. Ou alors, si cela vous chante, vous pouvez vous considérer comme le fantôme de votre enfance. Il me semble que quand j'étais enfant, j'étais vraiment vivante. C'est le seul moment. Ensuite, on ne cesse de chercher ce qui vous a échappé, de rattraper un fil perdu. 

Agnès Desarthe, Ce cœur changeant

 

Au soir, dans la hutte des ama, Kazue, qui aimait voguer sur le ruisseau toujours bondissant de sa mémoire, rappela aux apprenties la légende qui voulait que les noyés se transforment en vents mauvais.
       Tsukiko partageait en famille une autre interprétation qui faisait apparaître les moines de la pluie en figuration de l'esprit des naufragés. Certains jours, ils sortent et se rassemblent sur un rocher de la côte et pleurent. On entend de loin leurs sanglots, mais on ne voit que la pluie qui tombe.

Cédric Morgan, Les sirènes du Pacifique

 

Les seuls fantômes auxquels je crois sont les souvenirs. Qu'ils soient réels ou imaginaires. Pour moi, les entités, les revenants, les esprits, toutes ces choses surnaturelles n'existent que dans l'esprit des vivants. 
       Certaines personnes communiquent avec les morts et je les pense sincères, mais quand un être est mort, il est mort. S'il revient, c'est un vivant qui le fait revenir par la pensée. S'il parle, c'est un vivant qui lui prête sa voix, s'il apparaît, c'est un vivant qui le projette avec son esprit, comme un hologramme, une imprimante en trois dimensions. 
       Le manque, la douleur, l'insupportable peuvent faire vivre et ressentir des choses qui dépassent l'imaginaire. Quand quelqu'un est parti, il est parti. Sauf dans l'esprit de ceux qui restent. Et l'esprit d'un seul homme est bien plus grand que l'univers. 

Valérie Perrin, Changer l'eau des fleurs

 

«Les livres gardent l'empreinte d'une personne plus que les vêtements et les chaussures. Les héritiers s'en défont par exorcisme, pour se libérer du fantôme. Le prétexte est qu'on a besoin de place, qu'on étouffe sous les livres. Mais que mettent-ils alors contre les murs où se dessinent leurs contours?» 

Erri De Luca, Le jour avant le bonheur

 

Les jours suivants, les indios des villages proches et des villages lointains vinrent en procession sur la tombe de Faustino Higueras. Ils partaient pour la révolution et ils me demandaient des reliques dans une boîte d'or qu'ils voulaient porter à la tête de leur régiment au combat: une mèche de cheveux, un bout de poncho, le caillot de sang d'une blessure. C'est alors que nous avons décidé de rouvrir la fosse et de déterrer le cadavre. Mais Faustino n'était plus là, son tombeau était vide. Depuis ce jour bien des légendes sont nées: certains disent qu'ils l'ont vu de nuit courir par les montagnes sur son cheval noir et qu'il veille sur le sommeil des indios; d'autres qu'on le reverra seulement le jour où les indios descendront dans la plaine et qu'il chevauchera à la tête de leurs colonnes... 
      « C'était donc lui! Je l'ai vu! » voudrais-je dire, mais je suis trop bouleversé pour articuler un mot. 

Italo Calvino, Si une nuit d'hiver un voyageur

 

      Ce ne pouvait être Tomohiko Amada en personne. Le véritable Tomohiko Amada se trouvait dans une résidence médicalisée pour personnes âgées à Izukögen. Sa démence sénile était très avancée, et à présent il était alité presque en permanence. Il lui aurait été impossible de venir seul jusqu'ici par ses propres moyens. L'être que je voyais maintenant devait être son fantôme. Mais, à ma connaissance, Tomohiko Amada n'était pas encore mort. Aussi, pour plus de justesse, fallait-il peut-être parler d'un «esprit qui avait quitté son corps». Ou alors l'artiste avait expiré juste à l'instant et il était venu ici sous la forme d'un spectre. Cette éventualité aussi était évidemment envisageable. 
      En tout cas, j'étais sûr qu'il ne s'agissait pas d'une simple illusion. La silhouette que j'avais sous mes yeux était trop réelle, dotée d'une trop forte consistance. On sentait là indubitablement la présence d'un être humain. 

Haruki Murakami, Le meurtre du Commandeur
(livre 2 : La Métaphore se déplace)

 

      Hitodama : selon une croyance populaire, si l'esprit d'une personne décédée n'est pas satisfait de la façon dont il est traité par la famille endeuillée, il flotte à l'entour des pierres tombales la nuit afin d'essayer de dénicher le bon endroit pour une installation à demeure paisible. La forme qu'il est censé prendre quand il se promène est une boule de feu, rougeâtre, jaunâtre ou d'un blanc bleuté avec une queue

An English Dictionary of Japanese Culture, de Bâtes Hoffer et Nobuyuki Honna 
cité par Jackie Copleton dans: La voix des vagues

 

Vampire 

     Ami, ami, j'ai couché ton corps dans un cercueil au beau verni rouge qui m'a coûté beaucoup d'argent; 
      J'ai conduit ton âme, par son nom familier, sur la tablette que voici que j'entoure de mes soins; 
      Mais plus ne dois m'occuper de ta personne: 
      «Traiter ce qui vit comme mort, quelle faute d'humanité! 
      Traiter ce qui est mort comme vivant, quelle absence de discrétion! Quel risque de former un être équivoque!» 
                                                     ° 
      Ami, ami, malgré les principes, je ne puis te délaisser. Je formerai donc un être équivoque: ni génie, ni mort ni vivant. Entends-moi: 
      S'il te plaît de sucer encore la vie au goût sucré, aux âpres épices; 
      S'il te plaît de battre des paupières, d'aspirer dans ta poitrine et de frissonner sous ta peau, entends-moi: 
      Deviens mon Vampire, ami, et chaque nuit, sans trouble et sans hâte, gonfle-toi de la chaude boisson de mon cœur. 

Victor Segalen, Vampire (Stèles face au Nord, dans Stèles)

 

À présent que la nuit tombe sur le monde, que la voix du peuple se tait, seuls se font entendre le grondement sourd provenant du fond de l'abîme où grouillent les corps enchaînés et celui, plus lointain, des fantômes des martyrs qui avancent en cortège, amas de nuées noires que le vent du large ne disperse pas.

 François Cheng, Quand reviennent les âmes errantes

 

      Le soir de Shoro-Nagashi 
      Ce festival ne ressemble à aucun autre au Japon. Les familles accueillent le retour de leurs décédés du monde des esprits ou les accompagnent pour leur départ. Joie et chagrin défilent côte à côte dans les rues au rythme des tambours dans les parfums d'encens qui se consument. Nous étions dans la foule et regardions la procession de barques d'herbe et de bambou fabriquées pour l'occasion à l'intention des morts, certaines aussi grosses que de vrais navires. Des hommes revêtus de draps blancs portaient ces embarcations festonnées de lanternes jusqu'à la mer où ils les déposaient sur l'eau avant de les pousser dans les ténèbres. Les esquifs lumineux s'éloignaient au rythme des vagues tandis que les endeuillés déposaient à leur tour des offrandes de fruits sur des tapis tressés qu'ils abandonnaient à la nuit. Le cité tout entière était un flamboiement de couleurs, de dragons dansants et d'hommes enivrés à l'alcool de riz. Entre les cris, les appels suraigus aux esprits, les explosions de pétards et les gongs, le tintamarre était tel qu'il aurait fait fuir les chats sauvages et réveillé les morts. Nos disparus ne peuvent rester en repos. Ils ne peuvent pas nous ignorer. Ils doivent partir ou nous revenir. Nous sommes trop bruyants pour qu'ils nous ignorent. 

Jackie Copleton, La voix des vagues

 

      D'ailleurs, n'avais-je pas moi aussi envie de revoir le spectacle en l'honneur de la Fête des fantômes? D'après ce que m'avait appris ma mère, la soirée était le moment le plus important de la fête car on supposait que les fantômes, une fois bien nourris au cours de la journée, avaient du mal à quitter la terre où leur âme gardait encore des souvenirs chaleureux, des liens tendres avec ses proches. Alors les vivants devaient faire de leur mieux pour faciliter leur départ. Ils fabriquaient des milliers de lampions, de toutes couleurs et formes, les plantaient sur des barques ou sur de simples planches, puis la nuit venue, à un cri aussi aigu que celui d'un fantôme, on allumait d'un seul coup toutes les lanternes avant de les lancer sur l'eau. Ensuite, pendant que la foule continuait à pousser des cris stridents tout autour de l'étang, des garçons robustes sautillaient sur les barques et les planches, ou les balançaient avec force, de sorte que les lumières prennent le plus de mouvements possible. La fête se poursuivait jusqu'à ce que les lampions s'éteignent d'eux-mêmes ou que les planches partent trop loin dans le courant. À la fin, une volée de pétards explosait en guise d'adieux aux fantômes. 
(...) 
      Depuis nos ancêtres, les lampions qu'on allume ce soir-là ce sont les âmes de nos défunts. On les réunit sur l'eau afin qu'elles ne se cramponnent pas trop à la terre, qu'elles ne se cachent pas dans les rues ou les recoins des maisons, et qu'elles n'aient d'autre issue que l'air, le ciel. C'était ainsi que les humains rusaient avec leurs défunts, avec méchanceté presque. 

Ya Ding, Le cercle du petit ciel

 

      Petite fille, je vivais dans un château enchanté, peuplé de fées et de fantômes. Marzac fut construit aux XIIe, XIIIe et XIVe, sur une colline qui domine la Vézère et le petit village de Tursac dans le Périgord. Propriété de mon beau père, le comte Pierre de Fleurieu, (...), le château appartient à la famille depuis plusieurs générations. Oncle Pierre disait que, pendant la guerre de Cent Ans, les Français et les Anglais l'occuper est à tour de rôle. Que des centaines, même des milliers de personnes y trouvèrent la mort à travers les siècles, souvent dans des conditions atroces, au terme de longs sièges. Il raconte également que, lorsqu'il était gamin, il parlait lui aussi aux fées et aux fantômes, car seuls les enfants peuvent les voir. 
       (...) Je savais qu'ils résidaient dans l'air frais et humide, dans les éclairages imprécis, qu'ils peuplaient les vieux murs de pierre. Ils se glissaient silencieusement dans les couloirs, sans que les flammes des bougies oscillent sur leur passage. Ils s'élevaient en tourbillonnant dans l'escalier circulaire de la tour, dédaignant les marches de grès qu'ils avaient foulées durant leur existence terrestre, et dont je poursuivais, avec mes petits pieds, la lente érosion. Leurs souffles et leurs soupirs, leurs pleurs et leurs rires, leurs amours et leurs guerres m'accompagnaient dans le labyrinthe des pièces, huit siècles de souvenirs aussi présents dans le château que les membres de ma famille. 

Jim Fergus, Marie-Blanche

 

Je me souviens de mon enfance et des nuits de Noël, des bûches au foyer, du vent sous la porte, du père dans sa tombe, des yeux lointains et du souffle rauque de sa veuve: nous avions notre veillée. À minuit, on éteignait tout et la maison devenait silencieuse. C'est que les âmes disparues ont besoin d'ombre et de silence pour revenir à leur ancienne demeure. Je les sentais, de mon alcôve, se pencher sur un reste de bûche : âmes sans corps, et qui venaient de si loin dans le temps et la nuit. Devinaient-elles ma présence? C'était ma famille inconnue, famille d'ombres, et de moi, bien au chaud, que pouvaient attendre ces ombres frileuses, sinon de les mêler à mes jours, de les porter jusqu'au Noël prochain, à la nuit d'élection où, de ce reste calciné de bûche, on allumerait un nouveau feu? Ainsi de beaucoup d'autres âmes depuis lors, et de la mienne…

Marcel Arland, La Musique des anges

 

 

    Je n'ai jamais revu ma mère ni ma sœur. J'ignore ce qu'elles sont devenues, si elles sont encore de ce monde ou si elles ne sont plus que poussière parmi la poussière. Mais j'ai revu plusieurs fois mon père. À peu près tous les dix ans. Tantôt au milieu d'un souk ou bien sur le pas d'un hangar désaffecté... Jamais je n'ai réussi à l'approcher... Une fois, je l'avais suivi jusque dans une impasse, certain de le coincer, et quelle n'a pas été ma stupeur en ne trouvant personne au pied de la palissade... C'était parce qu'il portait le même paletot vert, qui échappait à l'usure du temps et aux inclémences des saisons, que j'avais fini par comprendre qu'il n'était pas de chair et de sang... 
      Jusqu'au jour d'aujourd'hui, à mon âge finissant, il m'arrive encore de l'entrevoir au loin, le dos voûté sous son éternel paletot vert, clopinant lentement vers son propre effacement. 

Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit

 

      ― Et ce n'est pas cette chambre-ci seulement, dit-elle. Il y a plusieurs pièces comme ça dans la maison. Le petit salon, le hall, même le petit vestiaire. Je la sens  partout. Vous aussi n'est-ce pas?
      Elle se tut. Elle continuait à épier mon regard. «Vous croyez qu'elle peut nous voir en ce moment en train de parler ensemble?» demanda-t-elle lentement.
      «Vous croyez que les morts reviennent et regardent les vivants?»

Daphne Du Maurier, Rebecca

 

La première chose qu'on remarque à La Nouvelle-Orléans, et parmi les plus belles, ce sont les cimetières. L'affirmation est froide. En passant à côté, on essaie d'être aussi silencieux que possible. Mieux vaut laisser dormir les occupants. Des tombeaux de style grec, roman des mausolées comme des palais, bâtis sur plans, fantomatiques, signes et symboles d'invisibles pourriture spectres d'hommes et de femmes qui ont péché, sont morts, vivent au sépulcre. Le passé ne disparaît pas si vite ici. On peut être défunt depuis longtemps. Les fantômes courent vers la lumière, on les entendrait presque haleter les esprits sont décidés à arriver quelque part. 

Bob Dylan, Chroniques Volume I
(chapitre Oh Mercy)

 

Un jour, elle m'avait parlé de l'appartement vide au-dessus de la chambre qu'elle louait à Prague, quand elle était étudiante. Personne n'y habitait depuis deux ans sauf, à ce que disaient les voisins, les fantômes de deux petites filles mortes. La maison avait brûlé et l'on n'avait pas pu sauver les deux fillettes, Émilia et Jana. Après le drame, les parents étaient partis à l'étranger. L'appartement aux murs calcinés était cadenassé et les volets fermés. Il n'avait pas été rénové ni reloué. Parfois, murmurait-on, on percevait des rires, des galopades assourdies, ou des sanglots et des cris au milieu de la nuit. «Moi, dit maman, je n'ai jamais rien entendu de tel, mais souvent j'étais presque certaine qu'on ouvrait les robinets, la nuit, qu'on déplaçait des meubles ou que des pieds nus marchaient sur le parquet. Peut-être se servait-on de cet endroit pour des intrigues amoureuses secrètes ou pour d'autres obscurs desseins. Quand tu seras grand, tu découvriras qu'à peu près tout ce que les oreilles discernent la nuit peut être interprété de plus d'une façon. En fait, ce n'est pas que la nuit et pas seulement les oreilles. Ce que tes yeux voient aussi, même en plein jour, peut presque toujours être interprété de différentes manières.» 

Amos Oz, Une histoire d'amour et de ténèbres

 

      De toutes les angoisses du réel auxquelles l'homme est confronté, celle de la mort est sans doute la plus insupportable à admettre, la plus mystérieuse, et la plus propice aux croyances de toutes sortes, à commencer par l'existence de revenants… 

Claude Lecouteux

 

      Elle s'appelle Reine Ducha (1961-1982), elle est enterrée dans mon cimetière, allée 15, dans le carré des Cèdres. Une jolie jeune femme brune et souriante sur la photo accrochée à sa stèle. Elle s'est tuée en voiture à la sortie de la ville. Des jeunes gens l'auraient aperçue au bord de la route, toute vêtue de blanc, à l'endroit de l'accident. 
       Le mythe des «dames blanches» a fait le tour du monde. Ces spectres de femmes mortes accidentellement hanteraient le monde des vivants, traînant leur âme en peine dans les châteaux et les cimetières. 
       Et pour accentuer la légende de Reine, sa tombe à bougé. D'après Nono et les frères Lucchini, c'est un glissement de terrain. Cela arrive souvent quand trop d'eau s'accumule dans un caveau. 

Valérie Perrin, Changer l'eau des fleurs

 

L'île était un bon endroit pour mourir. Je l'ai su dès que nous étions arrivés. Mary voulait voir les tombeaux en haut des collines, de simples monticules ronds pareils à des taupinières. Un après-midi, nous avons été environnés de corbeaux. Par milliers, ils tournoyaient dans le ciel blanc, puis ils s'abattaient sur le cimetière. Mary les regardait avec une fascination horrifiée. «Ce sont les âmes des morts sans sépulture», a-t-elle dit. J'ai essayé de lui expliquer qu'ils avaient choisi cet endroit pour être tranquilles, mais elle ne m'écoutait pas. Elle parlait des injustifiés, tous ceux, toutes celles qui avaient été abusés, détruits. Elle était attirée par la mort. Était-ce elle, ou moi, qui avait choisi le refuge de cette île?  

JMG Le Clézio, Tempête

 

      Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. Que subsistera-t-il, dans cet éclatement, de l'unité de son fils? Comment raccorder sa mémoire singulière à ce corps diffracté? Qu'en sera-t-il de sa présence, de son reflet sur Terre, de son fantôme? Ces questions tournoient autour d'elle comme des cerceaux bouillants puis le visage de Simon se forme devant ses yeux, intact et unique. Il est irréductible, c'est lui.

Maylis de Kerangal, Réparer les vivants

 

      Son père, ivre la plupart du temps, ne lui avait pas été d'un grand secours. Un jour d'été, il s'était éclipsé discrètement, sans laisser de traces. Sophie se souvenait de l'avoir cherché jusqu'à la nuit. La grand-mère, pour la consoler, lui racontait qu'il aimait la mer, qu'il avait pu y disparaître comme le marin d'Elsa, en plein mois d'août, et qu'il devait s'y trouver bien, à flotter dans les vagues...
      Cela n'avait pas suffi. Sophie n'avait jamais cessé de faire des rêves effrayants de fantômes qui ressemblaient à des marins et venaient se venger de la négligence des vivants en troublant leur sommeil, grinçant des rires aigus, agités de gestes menaçants.
(...)


      Mais bon sang, monsieur Paul, pourquoi avez-vous laissé faire un truc pareil? Ce n'est pas dans les cimetières qu'ils sont, les morts! Vous ne l'avez pas encore compris? Les tombes, où les gens viennent prier et porter des fleurs, sont vides. Absolument vides! Les cercueils ne contiennent que des morceaux de textile et de peau parcheminée, collés les uns aux autres, abandonnés comme des chrysalides par ceux qui les portaient. La voilà, la grande supercherie. (...)
      Les morts ne sont plus au cimetière. Ils sont bien plus près de nous qu'on ne croit. Ils nous côtoient dans nos maisons, ils nous survolent, pendant nos promenades, quand nous regardons les nuages et les branches des arbres, ou le cours des rivières. Ils ont toutes sortes de moyens pour communiquer avec nous, pour nous inspirer des pensées, des actes, des rêves. Ils sont parmi nous et nous ne le savons pas... Un jour on finira bien par les voir, les photographier même, puisqu'il faut des preuves à tous ces esprits matérialistes qui gouvernent nos sociétés..

Marie-Claude Tesson-Millet, Foutre la paix aux morts

 

      Toutes ces histoires, les visions de sa sœur, le Mussolini d'Immola, avaient fini par convaincre Nicolas de la survie des morts. Non, bien sûr, ils ne sont plus là, les morts, on chercherait en vain à leur téléphoner, à leur écrire. Pour autant, ils ne sont pas entièrement dans les tombes. Tous les peuples «premiers», suivant l'expression aujourd'hui en vigueur, ont cru que les défunts mal enterrés ne passaient pas. Ils nous veulent. Ils nous hantent. Ils nous tournent autour.

François Taillandier, Il n'y a personne dans les tombes
(La grande intrigue III)

 

      Comment dire les veillées où les petits enfants tapis oubliés dans le coin le plus obscur de la yourte, entendent les colporteurs et les conteurs errants, accroupis autour du samovar? Leurs histoires sont toujours effrayantes. Rois sanguinaires, sorciers... Et, plus redoutable que tous, le cavalier sans face qui chemine nuit et jour, dans la pierre et le sable et la ronce et le roc, à travers les temps et les temps, pour n'aller nulle part. Et ceux qu'il rencontre, il les entraîne sans recours, sans retour derrière lui jusqu'après la mort des astres. Sa terreur enfantine, Mokkhi la connaissait à nouveau. Il montra l'ombre de l'homme liée à l'ombre du cheval qui s'effaçait dans la brume du soir et balbutia:
Tu ne sais pas... Tu ne sais pas... le cavalier fantôme.

Joseph Kessel, Les Cavaliers

 

      Evan parlait de défunts que le sort avait touchés en temps inopportun et qui se sachant lésés aspiraient à revenir à la vie. Pour celui qui avait un oeil pour eux, disait Evan, il n'était pas rare de constater leur présence. À première vue, ils ressemblaient aux gens normaux mais, quand on les regardait de plus près, les visages s'estompaient ou leurs contours tremblaient légèrement. La plupart du temps aussi, ils faisaient un empan de moins que de leur vivant car l'expérience de la mort, affirmait Evan, nous fait rétrécir, exactement comme une pièce de tissu qu'on lave pour la première fois. Presque toujours les morts étaient seuls mais il arrivait parfois qu'ils se déplacent en petites escouades; on les avait déjà vus en vestes d'uniforme colorées ou en pèlerines grises défiler entre les murets des champs et gagner au son étouffé de tambours les collines dominant la localité. Evan racontait qu'un jour son grand-père, sur le chemin menant de Frongastell à Pyrsau, avait été rejoint par un cortège de fantômes pas plus grands que des nains et qu'il avait dû s'écarter pour les laisser passer. Ils avançaient à pas pressé, légèrement penchés en avant, et parlaient entre eux de leur voix de fausset.

W.G. Sebald, Austerlitz

 

      Il devait être midi, la lumière tombait d'aplomb et inondait les décombres. Dans les vieilles villes en ruine, c'est une heure dangereuse. L'air est rempli de cris et d'esprits. Qu'une branche craque, qu'un lézard glisse, qu'un nuage passe en jetant son ombre ― et la panique s'empare de vous. Chaque pouce de terre que vous foulez est un tombeau et les morts gémissent.

Nikos Kazantzakis, Alexis Zorba

 

      Nous sommes hantés par tant de voix et de visages! "Je suis noir de monde..." murmurait Alain Bashung.

Jérôme Meiroz, Fantômes

 

     Hélas! hélas! c'est à peine si j'ai l'espoir de jamais retrouver les miens dans une autre vie. Oh! retrouver dans celle-ci leur aspect, trop confus dans ma mémoire, exactement comme ils furent, par quelque artifice de mon propre cerveau! les voir de mes yeux, les entendre de mes oreilles, et refaire avec eux les vieux chemins effacés comme dans un rêve éveillé! Cela vaudrait la peine de devenir fou pour pouvoir s'envoûter ainsi soi-même.

George du Maurier, Peter Ibbetson

 

      L'heure dans laquelle je m'intègre n'appartient plus à la vie, je suis incapable de passer avec mon poids de chair et de sang à travers elle. C'est la vingt-cinquième heure où il est trop tard pour être sauvé, trop tard pour mourir, trop tard pour vivre. Il est trop tard pour tout.

Constantin Virgil Gheorghiu, La vingt-cinquième heure

 

      À qui demander désormais des nouvelles de la marchande de fraîcheur? Tant de silence, rincé par l'oubli, a fini par en faire un spectre. Être sans adresse, sans nom, qui donc pour vous répondre?

Jérôme Meiroz, Fantômes 

 

      L'expérience commune et ancestrale du genre humain porte aussi témoignage du caractère surnaturel de la blancheur. La chose est certaine, ce qui épouvante le plus à la vue d'un mort, c'est sa marmoréenne blancheur, elle semble trahir l'effroi de se trouver dans l'autre monde comme elle trahit une mortelle émotion en celui-ci. À cette pâleur même des morts, nous empruntons la blancheur du suaire dont nous les enveloppons. Et dans nos superstitions, nous ne manquons pas de jeter un manteau de neige sur les épaules de nos fantômes, tous les esprits se lèvent à travers un  blême brouillard...

Hermann Melville, Moby Dick

 

      ― Pour être exact, rectifia Apolline, il existe une enveloppe intermédiaire entre le corps et l'Esprit. Elle est d'une nature plus subtile que la chair et cependant, matérielle encore, elle revêt la forme humaine. C'est ce contour vaporeux que décrivent ceux qui ont vu des fantômes. On l'appelle le corps fluidique, ou périsprit.

Olivier Bleys, Le fantôme de la Tour Eiffel

*

    Je suis Polonaise, née à Sandomir, c'est-à-dire dans un pays où les légendes deviennent des articles de foi, où nous croyons à nos traditions de famille autant, plus peut-être qu'à l'Evangile. Pas un de nos châteaux qui n'ait son spectre, pas une de nos chaumières qui n'ait son esprit familier. Chez le riche comme chez le pauvre, dans le château comme dans la chaumière, on reconnaît le principe ami et le principe ennemi. Parfois, ces deux principes entrent en lutte et combattent. Alors, ce sont des bruits mystérieux dans les corridors, des rugissements si épouvantables dans les vieilles tours, des tremblements si effrayant dans les murailles, que l'on s'enfuit de la chaumière comme du château, et que paysans ou gentilshommes courent à l'église chercher la croix bénite ou les saintes reliques, seuls préservatifs contre les démons qui nous tourmentent. 

Alexandre Dumas, Les Mille et un fantômes

 

      Le mystère était notre maître. Nous le flairions partout, nous l'inventions. L'épouvante d'un vol silencieux de chauves-souris veloutées ne nous gênait pas. Nous la recherchions. La moindre dent de requin nous mettait en transes, jamais nous ne jouions aux billes, ni à morpion ni à macamié (un jeu où se reconnaîtront seulement ceux qui s'y sont mesurés), mais nous allions traquer au cimetière, à minuit, les feux follets que nous jugions être les âmes des morts et que nous ne vîmes jamais. Pourtant, à neuf ans, les âmes des morts nous paraissaient familières et certaines. Elles s'élevaient au-dessus des tombes, conversant de l'une à l'autre, des récoltes et du temps qu'il faisait et qui passait. Nous les appelions par leurs noms: «le Fourneyron de Cassagne, le Mangouste-Mousco de la Croupatassière». Nous connaissions tous les patronymes inscrits sur les tombes. 

Pierre Magnan, Chronique d'un château hanté

 

...lorsqu’elle fut arrivée au milieu des tombes, le sixième coup de minuit sonnait. Alors elle entendit autour d’elle un bruit étrange. Elle regarda. Elle vit toutes les tombes qui s’ouvraient lentement. Puis les morts en sortirent, secouèrent leur linceul et les étendirent proprement sur leur fosse ; ensuite, marchant deux par deux, ils se dirigèrent à pas comptés vers l’église qui s’illumina tout à coup, et ils entrèrent… Rose ne pouvait plus bouger de sa place. Elle entendit des voix lugubres entonner le De Profundis. Alors elle voulut fuir, mais il était trop tard, les morts revenaient vers le cimetière. Elle saisit un linceul et s’en enveloppa pour se cacher. Les morts défilaient devant elle. Rose reconnut sa mère et son père. Ils la virent, eux aussi, et ils l’appelèrent… 

Ernest Capendu, Marcof-le-Malouin

 

          LE SPECTRE
Je suis l'esprit de ton père,
Condamné pour un certain temps à errer la nuit,
Et à jeûner le jour dans la prison des flammes
Tant que les noires fautes de ma vie
Ne seront pas consumées. Si je n'étais astreint
À ne pas dévoiler les secrets de ma geôle,
Je pourrais te faire un récit dont le moindre mot
Déchirerait ton âme, glacerait
Ton jeune sang, arracherait tes yeux comme deux étoiles
A leur orbite, et déferait tes boucles et tes tresses,
Dressant séparément chaque cheveu
Comme un piquant de l'inquiet porc-épic.
Mais le savoir de l'éternel est refusé
Aux oreilles de chair et sang.
Écoute, écoute, écoute!
Si jamais tu aimas ton tendre père...
         
HAMLET
O Dieu!
         
LE SPECTRE
Venge son meurtre horrible et monstrueux.

William Shakespeare, Hamlet

 

      ― Je viens à toi contre ma volonté, dit-elle d'une voix ferme. Je suis contrainte d'exaucer ta prière. Trois ― sept ― as ― gagneront pour toi l'un après l'autre; mais tu ne joueras pas plus d'une carte en vingt-quatre heures, et après, pendant toute ta vie, tu ne joueras plus! Je te pardonne ma mort, pourvu que tu épouses ma demoiselle de compagnie, Lisabeta Ivanovna.
     
À ces mots, elle se dirigea vers la porte et se retira en traînant encore ses pantoufles sur le parquet. Hermann l'entendit pousser la porte de l'antichambre, et vit de nouveau quelqu'un qui regardait chez lui par la fenêtre.
      Hermann demeura quelques temps tout abasourdi; il se leva et entra dans l'antichambre. Son dentschik, ivre comme à l'ordinaire, dormait couché sur le parquet. Il eut beaucoup de peine à le réveiller et n'en put obtenir la moindre explication. La porte de l'antichambre était fermée à clé. Hermann rentra dans sa chambre, alluma les bougies et écrivit aussitôt toutes les circonstances de sa vision.

Pouchkine, La Dame de pique

 

      Les morts reviennent! Elle est venue. Oui, je l'ai vue, je l'ai tenue, je l'ai eue, telle qu'elle était vivante autrefois, grande, blonde, grasse, les seins froids, la hanche en forme de lyre; et j'ai parcouru de mes caresses cette ligne ondulante et divine qui va de la gorge aux pieds en suivant toutes les courbes de la chair.
      Oui, je l'ai eue, tous les jours, toutes les nuits. elle est revenue, la Morte, la belle Morte, l'Adorable, la Mystérieuse, l'Inconnue, toutes les nuits.
(...)
     
― L'esprit de l'homme est capable de tout.

Guy de Maupassant, La chevelure

      

      Elle jeta un nouveau coup d'œil dans la rue. Ana était encore là. Toujours aussi belle, elle se tenait un peu en retrait, considérant avec une sorte de sourire mélancolique les badauds qui tournicotaient autour du citronnier. Pourquoi ne restes-tu pas couchée tranquillement sous terre, là où on t'a ensevelie? songea Hasiyé.

Ismail Kadaré, Le concert

 

      «Mort? Peut-être?... Son corps que le jour traversait n'était-il pas indestructible par les moyens qui tuent les nôtres?»
      S'il n'était pas mort?... seul peut-être le temps a prise sur l'Être Invisible et Redoutable. Pourtant ce corps transparent, ce corps inconnaissable, ce corps d'Esprit, s'il devait craindre, lui aussi, les maux, les blessures, les infirmités, la destruction prématurée?
      La destruction prématurée? toute l'épouvante humaine vient d'elle! Après l'homme, le Horla.
― Après celui qui peut mourir tous les jours, à toutes les heures, à toutes les minutes, par tous les accidents, est venu celui qui ne doit mourir qu'à son heure, à sa minute, parce qu'il a touché la limite de son existence!

Guy de Maupassant, Le Horla

 

      Ne connaissant pas un être humain en cet endroit, Jude commençait à être impressionné par l'isolement de sa propre personne comme si elle eût été son spectre ― il avait la sensation qu'il marchait, mais qu'il ne pouvait ni se faire voir, ni se faire entendre. Il prit une longue respiration et, se croyant presque un fantôme, évoqua les spectres dont les recoins devaient être hantés. 

Thomas Hardy, Jude l'obscur

 

      Mon ami, plus sérieux que jamais, poursuivit: si les cimetières fermaient de si lourds portails à la nuit tombée, était-ce pour empêcher les visiteurs de s'y aventurer ou les morts de s'en échapper?

Philippe Grimbert, La mauvaise rencontre

 

      S'adressant à l'ensemble de ses élèves, M. Wharton leur rappela qu'à l'école du dimanche ― tous les enfants de la région y allaient ― on leur parlait du paradis. Si les âmes des morts montaient au ciel, comment la terre pourrait-elle être hantée par des fantômes? Il leur fit remarquer que l'âme, venant de Dieu ― du moins, c'était ce qu'on leur enseignait ― retournait tout naturellement à Lui. Il était aussi stupide de s'inquiéter des âmes des morts que de celles des êtres encore à naître, des générations futures.
      Et, s'arrêtant de marcher, M. Wharton mit en avant un nouvel argument, un fait qui entrait davantage dans le cadre de son propre enseignement.
      ― Regardez, leur dit-il en montrant, autour d'eux, les arbres, les taillis, le sol lui-même. Ne considérez pas seulement les humains aujourd'hui morts, mais toutes les formes de vie qui, depuis des millions d'années, ont vu le jour et puis ont disparu. Où sont-elles passées? Elles sont retournées au sein même de ce sol que nous piétinons maintenant. En fait, cette terre n'est pas autre chose qu'une couche dense, riche, d'où la vie nouvelle jaillit. Elle s'épanouit, puis finit par mourir et retourner à la poussière. Tour cela est parfaitement normal, immuable. Tous les organismes ayant cessé de vivre se sont mêlés les uns aux autres. Les bactéries, les plantes, les animaux, les hommes: c'est ça, le sol que nous foulons. C'est le passé.

Philip K. Dick, L'homme dont toutes les dents
étaient exactement semblables

 

      Je sais, je sais, le fantôme agace, et ceux qui croient aux fantômes agacent plus encore, et ceux qui propagent cette croyance méritent de finir comme marque-page séché dans un grimoire... Personnellement, je n'ai jamais été de ceux-là. Rationaliste comme personne. Positiviste comme une addition. Allergique à toute superstition, à commencer par les officielles, celles qui se nourrissent de pain azyme, pissent de l'eau bénite et fondent des civilisations. J'étais si peu enclin à croire, qu'à mes yeux la psychanalyse elle-même relevait du spiritisme. Je n'ai jamais cru aux esprits, ni au mien. 

Daniel Pennac, Messieurs les enfants

 

     


 

 

 

 

 

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