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Les hagiographies
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Fous
et bouffons sacrés. Torgny Lindgren, Miel de bourdon.
En matière d'hagiographie les spécialistes et les érudits n'admettent comme véridique (ou susceptible de le devenir après qu'ils se sont penchés dessus) que les Vies anciennes et il se trouve en fait contrairement à l'opinion courante, que plus on se rapproche des témoignages des contemporains du saint dignes de crédibilité, plus les documents se font rares et plus la rédaction de ces vies exemplaires est courte et serre les faits de près ; à l'opposite des vies légendaires qui plus elles datent d'époques s'éloignant de celle où le saint personnage a vécu sont pleines de longueurs, de confusions, d'interpolations, d'erreurs sur la personne ou son identité, de roman, de dissertation, d'intervention, de propagande, bref de littérature, au point que l'on peut dire que l'introduction du merveilleux dans la vie d'un saint est un signe infaillible de mensonge, de byzantinisme ou de romantisme. Blaise
Cendrars, Le nouveau patron de l'aviation,
Comme Moïse et Josué, Élie et Élisée, Pierre et Paul, Colomban et ses épigones manifestent leur sainteté par des miracles. Leurs vertus sont supposées, certes, mais peu mises en évidence, voire à peine indiquées. La tâche essentielle de l'hagiographe consiste à montrer la puissance divine agissant en leur faveur et à travers eux. C'est cette «vertu»-là, celle de Dieu, qui fascine auteurs et lecteurs. La Vie du saint sera donc une célébration des merveilles accomplies par Dieu. En hagiographie, l'unité narrative est le récit de miracle. Rares sont les chapitres de la Vita Colombani qui n'en contiennent pas un ou plusieurs. .................................................................. Il est cependant une vertu que l'hagiographe célèbre volontiers, comme l'avait fait Colomban dans sa Règle : l'obéissance. Des miracles éclatants la glorifient, qu'il s'agisse de frères qui répondent au premier appel de leur supérieur, ou d'animaux, voire de choses, qui donnent l'exemple aux hommes. Inversement, la désobéissance est punie de Dieu. Adalbert de Vogüe, introduction à Colomban vu par Jonas de Bobbio.
Saint
joseph de Cupertino avait coutume de dire quand il sortait de ses extases et
tremblait encore de jubilation intérieure, exsangue, balbutiant : ―
L'obéissance
est le coup de couteau qui égorge la volonté de l'homme... « Obéis ! » À
ce mot Dieu tire le rideau... Il est vrai que Frère Joseph avait toujours
le mot burlesque. Blaise
Cendrars, Le nouveau patron de l'aviation,
Il faut prendre garde soigneusement que, dans la Bible, «la chair» ne signifie pas une partie du «composé humain», comme dans l'anthropologie dualiste, où l'on distingue le corps et l'âme. La notion biblique de chair n'équivaut pas à la notion occidentale de «corps». La chair, dans la pensée biblique, c'est l'humanité, l'homme tout entier, le règne animal ou le monde humain vivants, animés, conscients. Claude Tresmontant, Saint Paul et le mystère du Christ
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