Le
Café Littéraire / Frasques enfantines
|
|
J’ai voulu restituer un instant de ma vie d’enfant, de notre vie enthousiaste et brutale de vigoureux sauvageons dans ce qu’elle eut de franc et d’héroïque, c’est-à-dire libérée des hypocrisies de la famille et de l’école. Louis Pergaud, La Guerre des boutons.
Il nous entraînait dans ses farces, dans ses explorations, avec un tel élan, il nous faisait partager avec une telle force de persuasion les péripéties qu’il venait d’inventer, que le jeu devenait tout à coup une épopée à notre taille, pleine d’embûches et de risques, et dont nous savourions avec délices, avec angoisse aussi, la turbulence, le danger, la captivante intensité. Pierre Gabriel, L’Ormeau.
|
Il fallait être initié pour franchir le mur bas séparant le Bosquet de la cour de notre maison. Et pourtant encore, pour les plus grands, les affranchis, le mystère planait toujours. Dans un sacramentel inusable, c’était un coup au coeur lors de chaque passage du mur, et nous n’en étions jamais lassés. L’autre monde, mais de lumière végétale. Le Royaume, chaque fois un vol, un viol de nous-mêmes, de l’univers, qui ouvraient à des douceurs de paradis violent et à des peurs inconnues. Patrice Llaona, Le Bosquet.
En réalité, mon enfance fut si longue que je ne suis pas sûre d'en être sortie, comme tout être sensible, d'ailleurs! Françoise Sagan, Derrière l'épaule
Il était merveilleux qu’ici, chez nous, il y eut paix, ordre et tranquillité, devoir et bonne conscience, pardon et amour, mais il était merveilleux aussi que l’autre monde existât, le monde bruyant, aux couleurs crues, le monde sombre et violent, d’où, d’un bond, l’on pouvait s’enfuir et se réfugier auprès de sa mère. Hermann Hesse, Demian.
Ah!
si vous saviez, madame, quand vous caressez la tête blondinette de
votre fils adoré, vous caressez la crinière d’un Iroquois, d’un
aborigène, d’un sauvage des bois qui cherche avec ses compagnons des
traces d’ours, de sangliers, de loups dans la forêt. Le chérubin
adorable qui nettoie consciencieusement ses petites menottes avant de
passer à table retrouve parmi les arbres de vie les pistes anciennes de
l’initiation archaïque, même s’il n’a pas de guide, de guru, à
l’écart de la vie policée de la cité. Il est dans les bras de
Nature. Il peut découvrir les plumes de geai ou de buse, observer des
nids de mésanges ou de pies, grimper aux arbres, et construire des
cabanes dans un endroit reculé, sur un îlot marécageux protégé par
des fourrés et des sables mouvants, et écouter tranquillement dans le
désert des grands bois la musique aiguë et frelatée d’un vieux
transistor. Alain Jean-André, Froideconche l’été.
La vie de chaque homme est un chemin vers soi-même, l’essai d’un chemin, l’esquisse d’un sentier. Personne n’est jamais parvenu à être entièrement lui-même; chacun, cependant, tend à le devenir, l’un dans l’obscurité, l’autre dans plus de lumière, chacun comme il le peut. Chacun porte en soi, jusqu’à la fin, les restes de sa naissance, les dépouilles, les membranes d’un monde primitif. Hermann Hesse, Demian.
Telle
est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables
chagrins. Marcel Pagnol, Le Château de ma mère. |
|
|
|
Haut
de page / Retour à
la liste / Bibliographie
sur ce thème |