Le Café Littéraire luxovien / cures |
Au bout de deux heures, ils arrivèrent dans une petite ville d'eaux où ils avaient passé quelques jours ensemble cinq ou six ans plus tôt. Ils voulaient s'y arrêter pour la nuit. Ils garèrent la voiture sur la place et descendirent. Rien n'avait changé. En face se trouvaient l'hôtel où ils avaient habité cette année-là, et le vieux tilleul devant l'entrée. À gauche de l'hôtel s'étendaient d'anciennes arcades en bois et, à l'extrémité, l'eau d'une source ruisselait dans une vasque de marbre. Des gens s'y penchaient, comme autrefois, avec leur verre à la main. Milan Kundera , L'insoutenable légèreté de l'être
À
une centaine de mètres, une fontaine laissait couler un filet d'eau.
(...) Fred Vargas, Un peu plus loin sur la droite
«
Les eaux! avait fini par conseiller le docteur Prilépine, à court de
décoctions. Mais quand je dis "les eaux", je ne parle pas des
mornes eaux de source, des puantes eaux souffres, des brunes eaux
tourbeuses. Je parle des eaux vivantes et vivifiantes de l'océan.(...)» Agnès Desarthe, Ce cœur changeant
Une semaine plus tard, son frère ayant reçu l'ordre de se rendre dans le fort lointain de Stari-Yourt pour escorter un convoi de blessés, il l'y suivit. Il y demeura plusieurs semaines, paressant, fumant la pipe ou dormant sous la tente. Le site lui plaisait davantage. Les sources thermales régionales grondaient, couronnées d'une valeur blanche. Sur le torrent principal, il y avait trois moulins où venaient les lavandières. Toujours remuantes, elles foulaient, battaient, frottaient le linge avec les pieds. Ce tableau le subjuguait car ces femmes, disait-il, étaient «toutes belles et bien faites». (...) Des
distractions de la petite ville d'eaux ―
promenades sur les
boulevards à l'heure de la musique, papotages dans les pâtisseries,
représentations des troupes de passage, pique-niques, cavalcades ―
Léon se tint à
l'écart. Cette vaine agitation prenait à ses yeux un caractère de
parodie. Tout ce qu'il détestait maintenant, la vie mondaine, «trouvait
là sa caricature». Il préférait profiter des eaux, tout en buvant
encore de l'alcool, et se posait l'éternelle question: «Suis-je devenu
meilleur?» Vladimir Fédorovski, Le roman de Tolstoï
En
1950, les médecins lui prescrivirent une cure. Ils lui conseillaient
d'aller sur le Continent, aux thermes les plus renommés où beaucoup de
gens avaient guéri. (...) Milena Agus, Mal de pierres
À
Aix-les-bains, la ville d'eau préférée de Walter entre toutes celles
de l'Europe, les choses allaient mieux. L'hôtel Bernasçon, perché sur
la colline d'où il domine la ville et la vallée, donnait l'impression
qu'il y avait deux villes, la haute et la basse, et pourtant la
population peu nombreuse ne permettait nullement de s'isoler comme à
Paris. Mais la jolie station française, à proximité des premiers
sommets des Alpes, semblait, dès qu'on avait mis le pied sur son sol
bienfaisant, réduire au minimum craintes, menaces et nervosités, ―
fausse sécurité
pourtant, parce que, bien plus qu'à Paris, Nice ou New York, toute la
vie se concentrait au casino, dans les établissements de bains et le
parc où se trouvent les sources que l'on boit. Fanny Hurst, Back street
J'avais toujours aimé les jardins : ceux des villes d'eaux comme celle où j'étais né avec leurs parterres souvent trop fleuris et trop dessinés et les bancs sur lesquels les vieilles dames en cure tuent le temps d'ennui qui leur reste. Patrick Samuel, L'errance du sanglier
Le repos n'est chez lui qu'épisodique, le bonheur n'est qu'éphémère. Tantôt il est à Lugano, tantôt à Naumburg, à Algula, puisa Bayreuth, à Lucerne, à Steinabad, à Chillon, à Sorrente; et il se dit que les bains de Bad Ragaz pourraient calmer son moi douloureux, qu'il pourrait bien être touché par la grâce des eaux salutaires de Saint-Moritz, des sources de Baden-Baden, puis le voilà encore à Interlaken, à Genève, aux thermes de Wiesen. L'espace d'un instant il croit découvrir dans l'Engadine des affinités avec lui-même, il se voit libéré; et puis non, il lui faut à nouveau une ville du Sud, Venise ou Gênes, Menton ou Nice, il tente, brièvement, sa chance à Marienbad, tantôt l'attirent les forêts, tantôt c'est un ciel serein, d'autres fois il estime que la tranquillité peut seulement lui venir d'une petite ville riante où l'on fait bonne chère. Stefan
Zweig, Nietzsche et l'ami
À Budapest, les Volotinen oublièrent vite les fatigues du voyage lorsqu'ils se furent installés au fameux hôtel thermal Gellért, situé au pied d'un pont sur le Danube. C'était un établissement bien tenu et riche de traditions, l'un des plus beaux du bloc de l'Est. Dans ses thermes, on pouvait croiser de nombreuses célébrités telles que l'haltérophile hongrois György Regez, qui était, dans sa catégorie, l'homme le plus fort du monde, ou János Kádár en personne, que l'on surnommait ironiquement la Lumière de la Hongrie, tout en espérant, pour beaucoup, qu'elle s'éteigne. Arto Paasilinna, Le
dentier du maréchal,
...je me rappelle que le soir, nous sommes restés jusqu'à une heure tardive assis tous deux près de la fenêtre ouverte et que Marie m'a raconté mille choses sur l'histoire de la balnéothérapie, le déboisement de la cuvette autour des sources au début du XIXe siècle, les premières habitations et auberges néoclassiques édifiées anarchiquement sur les pentes et l'essor que très vite tout cela avait pris. Les maîtres d'oeuvre, maçons, peintres, plombiers et serruriers, plâtriers et stucateurs venaient de Prague, de Vienne et de toutes les contrées de l'empire, beaucoup même de Vénétie. Un jardinier de la cour du prince Lobkowitz entreprit de transformer la forêt en un parc à l'anglaise, il planta des arbres indigènes et rares, aménagea des pelouses agrémentées de nombreuses haies, des allées, tonnelles, et belvédères. Des hôtels de plus en plus fiers sortirent du sol, et des casinos, des établissements de bains, des cabinets de lecture, une salle de concert et un théâtre où bientôt se produisirent les coryphées des arts les plus divers. En 1873 fut érigée la grande colonnade de fonte et désormais Marienbad compta au nombre des stations les plus mondaines d'Europe. Parlant des eaux minérales et particulièrement des sources d'Auschowiz ― et là, dit Austerlitz, avec son art du comique et de la dérision qui lui est propre, elle déballa devant moi toute la palette des termes à la disposition du diagnostic médical ―, Marie me révéla que les cures étaient expressément recommandées pour des maux à l'époque très répandus dans les milieux bourgeois, obésité, troubles de l'estomac, paresse intestinale et autres embarras du bas-ventre, menstruations irrégulières, indurations hépatiques, dysfonctionnement biliaire, crises de goutte, hypocondrie splénique, maladies des reins, de la vessie, de l'appareil urinaire, adénomes et lésions de type scrofuleux, mais aussi faiblesses des systèmes nerveux et musculaires, asthénie, tremblement des membres, paralysies, écoulements de mucosités et de sang, éruptions cutanées chroniques et encore presque toutes les affections possibles et imaginables. W.G.Sebald, Austerlitz
Situés à
trois kilomètres à l'est de la ville, à l'orée de la forêt de
Raisme, le casino et l'établissement thermal, après un bref passage à
vide, connaissaient une activité de pleine saison. L'inaction faisait
des douches, bains et massages une diversion dont profitaient officiers,
sous-officiers et hommes de troupe. Édouard qui souffrait de douleurs
dans les reins accepta pour la première fois à la faveur de la
"drôle de guerre" de se soigner. Après avoir tâté des
douches d'eau minérale radio-active qui jaillissait à 26°, il se
décida à l'approche des premiers froids à faire l'expérience des
bains de boue devant laquelle il avait reculé jusque-là. Michel Tournier, Les météores
Ville d'eaux, Söderköping cultivait cette vocation unique jusqu'à l'intolérable. Non seulement elle possédait plusieurs sources diversement thérapeutiques, mais elle était encore traversée par un canal compliqué de bras qui la morcelaient en une collection d'îles minuscules. Faut-il dire enfin qu'il semblait y pleuvoir plus abondamment que nulle part ailleurs en Suède et que ma prime jeunesse, gorgée de tant d'humidité, dans cette «petite Venise scandinave», m'apparaît rétrospectivement comme le pardessus trempé qu'on dépouille avec des gestes de dégoût, sitôt qu'on est mis à l'abri, sans savoir où l'accrocher, parce qu'il ruisselle, doutant au fond qu'il sèche jamais. François-Olivier Rousseau, La gare de Wansee
Cette station thermale avait commencé comme elles commencent toutes, par
une brochure du docteur Bonnefille sur sa source. Il débutait en vantant
les séductions alpestres du pays en style majestueux et sentimental. Il n’avait
pris que des adjectifs de choix, de luxe, ceux qui font de l’effet sans
rien dire.
Tous les environs étaient pittoresques, remplis de sites
grandioses ou de paysages d’une gracieuse intimité. Toutes les
promenades les plus proches possédaient un remarquable cachet d’originalité
propre à frapper l’esprit des artistes et des touristes. Puis
brusquement, sans transitions, il était tombé dans les qualités
thérapeutiques de la source Bonnefille, bicarbonatée, sodique, mixte,
acidulée, lithinée, ferrugineuse, etc., et capable de guérir toutes les
maladies. Il les avait d’ailleurs énumérées sous ce titre :
affections chroniques ou ai aiguës spécialement tributaires d’Enval;
et la liste était longue de ces affections tributaires d’Enval, longue,
variée, consolante pour toutes les catégories de malades. La brochure se
terminait par des renseignements utiles de vie pratique, prix des
logements, des denrées, des hôtels. Car trois hôtels avaient surgi en
même temps que l’établissement casino-médical. C’étaient: le
Splendid Hôtel, tout neuf, construit sur le versant du vallon dominant
les bains, l’hôtel des Thermes, ancienne auberge replâtrée, et l’hôtel
Vidaillet, formé tout simplement par l’achat de trois maisons voisines
qu’on avait perforées afin d’en faire une seule.
(...) la question se pose ainsi: régulariser l’alimentation et
fortifier les nerfs, l’un ne va pas sans l’autre; et il faut agir
sur les deux moitiés du cercle. Tolstoï, Anna Karénine
Ils auraient juré qu'ils étaient à Vichy depuis une éternité alors
qu'ils n'en étaient qu'à leur cinquième jour. Déjà ils s'étaient
créé un horaire qu'ils suivaient minutieusement comme si cela avait de
l'importance et les journées étaient marquées par un certain nombre de
rites auxquels ils se prêtaient avec le plus grand sérieux. Georges Simenon, Maigret à Vichy
Il y a ici ce qui manque presque toujours aux petites villes russes:
trottoirs et bordures bien entretenus, contreforts semés de gazon, de
massifs de fleurs. Cette ville a un air de joyau attentivement soigné.
C'est que nous sommes dans une ville d'eaux presque exclusivement
réservée aux vacanciers, aux soins et à la détente... Philippe B. Tristan, Carnets de Sibérie
Dans les villes d'eaux et, semble-t-il dans toute l'Europe, lorsqu'un directeur d'hôtel donne une suite à un client, il s'inspire moins des désirs et des besoins de celui-ci que de l'opinion qu'il se fait de lui; il faut remarquer qu'il se trompe rarement. Fedor Dostoïevski, Le joueur
Immédiatement après ces deux jours aussi démoralisants pour lui que pour les gens de Desenzano, le Dr K. passe trois semaines à l'établissement thermal du Dr von Hartungen à Riva, qu'il rejoint par bateau à vapeur dès avant la tombée de la nuit. Un domestique en long tablier vert retenu à l'arrière par une chaînette de laiton conduit le Dr K. à sa chambre, d'où, celui-ci, au crépuscule, voit le lac aux eaux étales reposer dans un calme absolu. Dans cette nature aux tonalités bleues, rien ne semble se mouvoir, pas même le vapeur déjà reparti et parvenu assez loin du rivage. Dès demain commence la routine des soins. Autant que possible, le Dr K. veut essayer, entre les différentes aspersions froides et le traitement électrique qui lui a été prescrit, de retrouver une sérénité pleine et entière.(..) W.G. Sebald, Vertiges
Don Luis avait été porté à son lit de la même manière que la veille.
Il avait éprouvé un grand bien à se plonger dans l'eau chaude de
Royat. Il n'avait jamais vu Maria aussi gaie que ce soir, au dîner,
presque trop gaie. (...) Eh bien, il faudrait absolument qu'il guérisse
à présent. Les médecins insistaient pour pour deux ou trois mois de
traitement. Et pas de vin! C'était long. Il remua son pied avec
impatience et la douleur habituelle le reprit. Pourquoi ne pas débuter en
passant une semaine près des sources, afin de bien commencer son
traitement. Hervé Allen, Anthony Adverse
«Vous êtes en peine de ma douche, ma très chère, je l'ai prise huit matins comme je vous l'ai mandé; elle m'a fait suer abondamment; c'est tout ce qu'on en souhaite; et bien loin de m'en trouver faible, je m'en trouve plus forte. Il est vrai que vous m'auriez été d'une grande consolation; mais je doute que j'eusse voulu vous souffrir dans cette fumée: pour ma sueur, elle vous aurait un peu fait pitié; mais enfin je suis le prodige de Vichy pour avoir soutenu la douche courageusement. Mes jarrets en sont guéris; si je fermais les mains, il n'y paraîtrait plus» Madame de Sévigné, lettre à sa fille (du 8 juin 1676)
J'ai terminé cette première journée en allant découvrir l'espace balnéaire du principal sanatorium. Je pense qu'il appartient à la ville. Une grande piscine constituée de plusieurs bains, avec des jets aériens ou subaquatiques... On peut y passer des heures... nager, se prélasser sur un courant de bulles, ou tenter de remonter le fort courant d'un couloir circulaire. Et puis, lorsque vous en avez marre de la piscine, vous pouvez vous rendre à l'espace banya, où la température est réglée à un niveau supportable, même agréable. Rien à voir avec le banya du «lac Blanc»! Et puis, en sortant du banya, vous pouvez aller vous rafraîchir dans un jacuzzi, dont les bulles caressantes et relaxantes vous prépareront à une profonde nuit de sommeil... Philippe B. Tristan, Carnets de Sibérie
Une source chaude jaillissait sous l'auberge. L'eau fumante remplissait une vasque naturelle avant de s'écouler à travers la palissade de roches volcaniques lisses et grises, jusqu'à rejoindre un torrent qui courait en parallèle au bassin. Plusieurs moines étaient déjà immergés dans l'eau chaude, leurs faces rondes et inexpressives tournées vers le jardin de l'auberge. Didier Decoin, Le Bureau des Jardins et des Étangs
Trop dilettante, en effet, et se perdant avec sa vie d'oisiveté,
Shimamura cherchait parfois à se retrouver. Ce qu'il aimait alors,
c'était de partir seul en montagne. Tout seul. Et c'était ainsi qu'il
était arrivé un soir à la station thermale après une semaine passée
en course dans la Chaîne des Trois Provinces. Il avait alors demandé
qu'on lui fît venir une geisha... Yasunari Kawabata, Pays de neige
(...) je m'étais éloigné des côtes et je me déplaçais ici et là
dans les montagnes d'Amori. Même si l'on était dans la deuxième moitié
du mois d'avril, il faisait encore froid dans ces régions montagneuses,
il y avait encore pas mal de neige. (...) Je ne sais pas quel était le
nom exact du lieu mais je me souviens que j'avais passé quelques nuits
d'affilée dans un petit hôtel désert, non loin d'un lac. Dans ce vieux
bâtiment en béton sans intérêt, les repas étaient certes frugaux (pas
mauvais cependant) mais les tarifs incroyablement bon marché. Qui plus
est, dans un coin du jardin, il y avait un bassin d'eau thermale en plein
air où l'on pouvait se baigner toute la journée. L'hôtel venait de
rouvrir avec le printemps et j'étais quasiment le seul client.
(...) Haruki
Murakami, Le meurtre du Commandeur
Devant le pavillon des curistes, trois cents vieilles dames à chevelure mauve se reposent sur des chaises vertes en écoutant (d'un œil seulement) deux ou trois musiciens à gilet rouge qui tirent d'une trompette un solo tyrolien trop sucré... Fatiguées par les eaux et leur longue vie, elles n'applaudissent que du bout des doigts, le sourire aux dents. Jean-Paul
Klée, Un dimanche à Baden-Baden
À Baden, il n'est pas nécessaire de sortir de la petite ville pour jouir du paysage. La belle forêt vallonnée pénètre insensiblement entre les maisons basses de style Biedermeier, qui ont conservé la simplicité et la grâce de l'époque de Beethoven. On s'assied partout en plein air dans les cafés et les restaurants, on peut se mêler à son gré au peuple enjoué des curistes qui font le corso dans le parc thermal ou se perdent sur des chemins solitaires. Stefan Zweig, le monde d'hier
La piscine de Baden, avec ses huit mille places, est aussi l'une des plus belles d'Europe. Quant à ses fameuses eaux, elles sont vieilles de douze à dix-sept mille ans, et ce sont les plus chaudes des eaux thermales d'Allemagne, sortant de deux mille mètres sous la terre à cinquante-huit voire soixante-huit degrés. Il y a seize sources. Nous avons bu un verre chaud. Les Romains (dont l'empereur Caracalla) y soignèrent déjà leur mélancholies... Les princes polonais leur gravelle ou bile noire, les Britanniques leurs « séquelles» des Indes et les musiciens leurs migraines ataviques, les Mexicains leurs... «sombreros». Jean-Paul
Klée, Un dimanche à Baden-Baden
― C’est incroyable, ces villes d’eaux. Ce sont les seuls pays de féerie qui subsistent sur la terre! En deux mois il s s’y passe plus de choses que dans le reste de l’univers vers durant le reste de l’année. On dirait vraiment que les sources ne sont pas minéralisées, mais ensorcelées. Et c’est partout la même chose, à Aix, Royat, Vichy, Luchon, et dans les bains de mer aussi, à Dieppe, Étretat, Trouville, Biarritz, Cannes, Nice. On y rencontre des échantillons de tous les peuples, de tous les mondes, des rastaquouères admirables, un mélange de races et de gens introuvables ailleurs, et des aventures prodigieuses. Les femmes y font des farces avec une facilité et une promptitude exquises. À Paris on résiste, aux eaux on tombe, vlan! Les hommes y trouvent la fortune, comme Andermatt, d’autres y trouvent la mort comme Aubry-Pasteur, d’autres y trouvent pis que ça... et s’y marient... comme moi moi... et ... comme Paul. Est-ce bête et drôle, cette chose-là? Guy de Maupassant, Mont-Oriol
Je me contrefous de votre thermalisme, vous m'entendez? Je m'en tamponne. J'ai toujours eu horreur de ça. La vision de curistes déambulant toute la journée en peignoir éponge et buvant de grands verres d'une eau chaude qui empeste l'œuf pourri me déprime. Philippe Claudel, L'archipel du chien
Serge Olevitch ouvrit sa fenêtre et se jeta, les pieds en avant, du
deuxième étage. Françoise
Sagan, Les suites d'un duel
Et avec curiosité, Hans Castorp aspira une longue bouffée de cet air
étranger, pour l'éprouver. Il était frais, et c'était tout. Il
manquait de parfum, de teneur, d'humidité, il pénétrait facilement et
ne disait rien à l'âme. (...) Thomas Mann, La montagne magique
Ce soir-là ― on est en mars 2008 ―, la bande de la poste arrive dans un night-club. Ambiance lourdingue, un peu paysanne, de la viande saoule. Finalement, elles grimpent jusqu'à Hauteville-Lompnes, une station en altitude, longtemps réputée pour ses cures contre la tuberculose, ensoleillement et bon air. Le bal de l'Orsac, «sanatorium pour hommes et jeunes gens», était un des plus courus de la région. Depuis que les antibiotiques ont terrassé le bacille, plusieurs hôpitaux se sont spécialisés dans la médecine du sport, d'autres sont devenus des centres d'hébergement pour migrants, La Luciole, par exemple, autrefois célèbre pour ses «dix chambres particulières agréées par la Sécurité sociale et ses caisses agricoles». Un casino s'est installé pour tenter de relancer la commune, machines à sous, table de black-jack, restaurant façon Riviera et boîte de nuit, bien sûr. Florence Aubenas, L'inconnu de la poste
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