
Photo: Alain Jean-André
|
Propos
recueillis à Champagney
par Martine Mouhot
à l'occasion des
"Petites fugues en littérature contemporaine, automne 2003" |
Les
larmes de ma mère" est un livre sur l'enfance. Le lecteur se pose
très vite la question du caractère autobiographique du récit. Que
pouvez-vous en dire ?
Il s'agit
d'une fiction reconstituée, travestie. À Cendrars à qui on posait la
question à propos de son très beau texte " la prose du transsibérien
", alors qu'il avait à peine pris ce train, celui-ci a répondu :
" mais qu'est-ce que cela peut vous foutre puisque je vous ai fait
prendre à tous ce train. " Il s'agit de mettre en place un monde
qui devienne vrai pour le lecteur, il y a bien sûr des scènes
reconstituées ou d'autres issues de dérives.
La
difficulté dans l'écriture de ce livre, c'était de faire ressentir au
niveau du langage l'émotion de l'enfant et le regard critique de
l'adulte sur l'enfant.
Comment
en êtes-vous venu à écrire sur l'enfance ?
J'étais
en train d'écrire autre chose –
mon prochain livre –
et un texte sur l'enfance s'est imposé qui n'avait rien à voir avec ce
que j'écrivais. Ce texte a chassé le travail en cours : j'ai
l'obsession du pouvoir des mots : comment ils peuvent être blessants,
en fonction de la manière où ils sont dits, et comment les mots en
parlant ou en écrivant –
peuvent arriver à exorciser les blessures à l'égal d'un médicament.
Qu'est-ce
qui vous amène à écrire un livre ?
Le plaisir
et la nécessité, écrire est un bon moyen de tromper l'ennui de la
vie.
Votre
écriture rejoint souvent la poésie ?
Ecrire
reste une histoire de rythme, de musique. Le texte sort relativement
vite, mais je reviens dessus, j'élague.
De
quoi se nourrit votre écriture ?
De la
lecture des autres livres, de l'art contemporain et de la vie.
Comment
vous situez-vous dans la société comme écrivain ?
Je ne
crois pas que l'écrivain doive s'engager dans la société, s'il le
fait c'est en tant qu'homme. Mon plaisir en tant qu'écrivain, c'est de
savoir qu'un de mes livres accompagne un lecteur.
Rencontres
/ Lecture 1 et
lecture 2 avec
Michel Layaz