Le  Ca  scribouillard /(3)

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2019 :

Sur le thème : "Dis-moi dix mots sous toutes les formes"

Découvrons-les dans la grille de mots croisés :

 

(Grille proposée par M-F G)

grille 2019

Horizontal :  
I – Forme d'expression vocale – Café accompagné ou non de goutte (ancien) – On peut choisir le sien. II – Décide de notre environnement – Assembler en un tout. III - Parts d'héritage – Réduit au silence. IV – Oganesson – Rendu plus résistant – Arturo – Celui des Ardents fut tragique. V – N'a qu'un mât – Maintiendra à niveau constant. VIPocharde peu lisible. VII – Pointe en Corse du sud – Article défini – Stimulant et euphorisant. VIII – 7 chevaux à Luxeuil – Cabalistique ou du zodiaque – Ouverture. IX – Goût du fiel – Prénom d'origine hébraïque – Né en France d'origine maghrébine . X – Préfixe - L'écriture dite de Luxeuil l'est – Personnel. XI – Bernache – Ni sans emploi, ni au chômage. XII  – Solide, liquide ou gazeux – Volume d'un liquide.

Vertical :
1 - Duvet de coton – Envahisseurs. 2Arobase ou esperluette. 3 – Période chaude – Représente à l'aide de traits – Néon. 4 – Vêtement – Extra-terrestre. 5 – Polycarbonate – Devinette graphique. 6 – Ω – De l'Arctique nord-américain. 7 – Petite mesure – Communes aux Aléoutes et aux Séoudiens – Gladiateur virtuel. 8 – Bière hautement fermentée – Uranium autrefois, interface utilisateur aujourd'hui – Du nez. 9Faute typographique – Céans. 10 – Genre de plantes acotylédones – Va partout. 11 – Communauté d'Etats indépendants née en 1991 – 576 mètres – Se plier. 12Élément décoratif – Clé. 13 – Argon – Oracle. 14Banderole portant un épigraphe.

 

arabesque, composer, coquille, cursif/-ive, gribouillis, logogramme, phylactère, rébus, signe, tracé


Marie Holder
:

Après la destruction de la Tour de Babel, les hommes ne se comprenaient plus. On peut imaginer qu'ils ont dû tout reconstruire, composer à nouveau un langage commun fait de signes au tracé cursif rapide, de logogrammes au graphisme perçu de tous. En commençant peut-être par le balbutiement d'un gribouillis d'enfant, puis des rébus pour interroger et jouer, des phylactères pour dire, penser, crier dans une BD. Aujourd'hui dans notre monde devenu village global, la petite coquille arobase @ et la fine arabesque & de l'esperluette ne sont-elles pas comprises de tous les habitants de la terre ?


Roberte Burgard : 

Déclaration 

Comment lui déclarer son amour? 
     Comment
composer son message pour toucher son cœur et éveiller sa curiosité? 
      Il réfléchit, il a le choix. 
      Un
logogramme, c'est original, mais, même bien choisi, reste peu clair. 
      Un
rébus peut-être, pour titiller son esprit et retenir son attention? 
      N'importe quel
gribouillis plein de passion ferait-il l'affaire? 
      Ou alors une belle lettre, nette, imprimée sans
coquille sur un beau papier de format A4; ou plutôt écrite à la main en cursive élégante, soutenue par des arabesques au tracé harmonieux qui serait davantage un signe de délicatesse et de personnalité. 
      Il imagine un petit avion tirant dans le ciel un
phylactère proclamant son amour. Voilà qui serait surprenant et émouvant. 
      Il a bien réfléchi. 
      Un simple SMS envoyé sur son portable pourra lui dire simplement JE T'M 


Catherine Georges :

Écrivains en herbe 

Alors que je demandais à mes élèves de composer une expression écrite sur le thème de l'écriture cursive, l'un d'eux me rendit un gribouillis illisible, espèce de logogramme ressemblant à des hiéroglyphes égyptiens que je ne pus décrypter.
      Un autre fit une description de
coquilles, semblables aux coquillages qu'il avait ramassés sur une plage abandonnée. Coquillages grâce auxquels on pouvait entendre la mer, ce qui lui procurait une joie extrême.
      Une fillette me montra fièrement le
phylactère qu'elle avait ramené de vacances et qu'elle portait en pendentif en guise d'amulette. Ce superbe médaillon était joliment ciselé d'arabesques.
      Un quatrième élève me fit part d'un
tracé personnel, tel un rébus à déchiffrer, signe perceptible qu'il avait compris d'une belle manière la signification de différentes écritures possibles. Loin cependant de celle demandée.
      Merci à eux.


Yvette Montcharmont

J'ai tracé autour des quatre versets de la Torah écrits en cursives sur du parchemin, des croquis, des signes représentant des coquilles, des boucles, des volutes et des arabesques, en évitant, bien sûr les gribouillis et les rébus hermétiques ainsi que les logogrammes rares. J'ai inséré le tout dans un étui appelé phylactère composé d'une fine écorce de bouleau laqué, que je porterai constamment à mon cou pour éloigner les malheurs..


Marie-Françoise :

@

Il n'était pas utilisé comme dessin remplaçant une syllabe pour composer les rébus d'autrefois. Il n'était pas encore apparu dans notre vie courante lorsque les bandes dessinées, et leurs phylactères qui permettent d'attribuer les paroles aux personnages, prirent leur essor. Il est, depuis l'avènement de l'Internet, "le" signe universel et indispensable qui permet aux hommes de s'adresser des courriers électroniques dans quelque pays de la planète que ce soit. Ce symbole de la communication moderne utilisé comme séparateur entre le nom de l'utilisateur et le nom du domaine de messagerie, n'est pas un quelconque gribouillis. C'est l'arobase, ce logogramme en forme de petit escargot niché dans sa coquille. En réalité le tracé d'un "a" minuscule dont la patte du coin bas-droit est prolongée en arabesque jusqu'à faire le tour de la lettre dans le sens inverse des aiguilles d'une montre en revenant au coin bas-droit. Son origine remonterait à loin. À la préposition latine "ad" (qui signifie "à" ou "vers" en français, "at" en anglais), et à la ligature du "a" et du "d" cursifs de l'écriture onciale telle celle dite de Luxeuil, caractéristique par son grand nombre de liaisons complexes de certaines lettres , qu'auraient faites les moines copistes du haut Moyen-Âge mérovingien. Lettres qui auraient fini par se confondre, le "d" s'enroulant autour du "a".

Version longue :

Depuis mon aventure typographique des années 80 j'ai toujours été sensible à la beauté de l'esperluette : &, ce logogramme en arabesque dont à l'époque je ne connaissais pas le joli nom. Il remplace la conjonction de coordination "et". On l'appelle aussi "et" commercial et il fait d'ailleurs partie de l'actuel logo d'un de nos opérateurs téléphoniques. Cette belle ligature héritée de l'époque mérovingienne et des abréviations des moines copistes fut employée également en imprimerie pour économiser les gestes du typographe chargé de composer les textes à la main en prenant un à un les caractères de plomb dans la casse. Typographe qui, s'il se trompait de cassetin, prenait un autre caractère sans s'en rendre compte, commettait une erreur dans le texte, une coquille, qui ne se détectait qu'à la lecture d'une épreuve imprimée sur papier.

De nos jours communiquer à l'aide d'une messagerie sur Internet nécessite, pour rédiger l'adresse courriel de son correspondant, l'emploi d'un autre logogramme, le mystérieux arobase en forme de petit escargot niché dans sa coquille : @. En réalité c'est le tracé d'un "a" dont la patte du coin bas-droit est prolongée jusqu'à faire le tour de la lettre dans le sens inverse des aiguilles d'une montre en revenant au coin bas-droit. Il n'apparaissait pas parmi les caractères typographiques, ni sur le clavier des machines à écrire d'autrefois. Mais l'origine de ce signe remonterait à loin, il serait aussi une ligature la fusion de deux caractères consécutifs , vraisemblablement effectuée par les moines copistes du "ad" latin ("à" ou "vers" en français, "at" en anglais) où le "a" et le "d" cursifs ont fini par se confondre, le "d" s'enroulant autour du "a".
        Ces logogrammes que les moines habiles réussissaient parfaitement, les moins habiles de nos contemporains ont bien du mal à en effectuer le tracé à la main et ne réussissent souvent qu'à en faire un maladroit gribouillis. Dommage.

La beauté de certains mots ne me laisse pas indifférente. Tels "esperluette", sus-cité. Mais aussi l'étrange "phylactère" dont l'origine est grecque et qui est, à partir de l'art chrétien médiéval, un moyen graphique semblable à une petite banderole qui virevoltait en arabesque, sur laquelle se déployaient les paroles prononcées par le personnage que l'on représentait. Ce moyen graphique, connu de tous aujourd'hui sans souvent le connaître sous ce nom, est largement utilisé en bandes dessinées pour attribuer des paroles aux personnages. Il y prend le plus souvent la forme et le nom de "bulles", terme beaucoup plus simple et peut-être moins joli, même si d'aucuns lui trouvent un petit air poétique de par l'évanescence des paroles qu'évoquent précisément ces "bulles", telles celles irisées de savon.

Je me souviens avec une certaine nostalgie des rares moments d'Interlude que j'appréciais dans mon adolescence, où pour faire passer un temps mort à la télévision (l'ORTF d'antan, alors et par bonheur sans publicité), un naïf petit  train rébus à vapeur caracolait en toute quiétude, traversant les paysages en noir et blanc de nos idylliques et pittoresques campagnes, défilant wagon après wagon sur l'écran, qui était encore bien petit et bombé, nous présentant une suite de dessins qui permettaient, une fois interprétés si nous étions perspicaces, de déchiffrer l'un ou l'autre proverbe avant la gare de La Solution. 
       En y repensant, voilà que me trotte en tête le fredon de la musique caractéristique qui indissociablement l'accompagnait et qui de loin, attirait.



Bernadette Larrière :

Voici quelques gribouillis pour essayer de composer un petit texte contenant les dix mots de la langue française proposés cette année 2019.
       Si j'étais douée pour créer des BD, j'inventerais des
phylactères.
       Si j'étais douée pour le dessin, je créerais un
rébus, voire des arabesques, puisqu'un logogramme existe déjà.
       Si j'étais douée pour la littérature, je rédigerais des romans, des essais ou des poèmes, sans
coquille, d'une écriture cursive !
       Mais hélas, les
signes que j'espère d'un don particulier ne semblent pas encore avoir été tracés dans mon horoscope et je me régale à lire les œuvres déjà publiées...


Monique Armando : 

J'aime lire, mais je n'aime pas lire les bandes dessinées. Je n'aime pas leur écriture scripte, parfois proche du gribouillis, enfermée dans des phylactères. Je n'aime pas les logogrammes avec leurs signes et leurs tracés compliqués que, tels des rébus, il faut décrypter. 
      Mais, j'aime les mots qui dansent comme des arabesques sur le papier. Ces mots qui viennent du cœur et de l'âme pour exprimer nos sentiments. 
      Je voudrais savoir écrire et
composer de jolis textes, mais il ne sort de mes neurones que de simples écrits en cursive pleins de coquilles. Alors, je me contente de lire et je m'évade dans les histoires que d'autres que moi savent si bien conter...


Marie-Françoise
:

Bientôt Pâques! Pour composer un rébus sur la coquille de l'œuf que Marguerite venait de gober, elle s'appliquait au tracé soigné de dessins mêlés d'arabesques cursives et autres gribouillis censés représenter des personnages. Muets, puisque lui manquait, pour des phylactères, un peu d'espace. Elle n'omit pas d'apposer sur son œuvre terminée le petit logogramme discret en forme de fleur qui signe son nom. 

 

Phylactère, phylactère, est-ce que j'ai une gueule de phylactère? Lui répondit l'ami Rébus. Faudrait voir à pas prendre vos gribouillis pour des arabesques. À pas composer avec le tracé flou. Parce que moi, les logogrammes, cursifs ou pas, je m'en tamponne la coquille, hardi petit. Je m'en tiens au tangible, moi, sans prendre la tangente. Et je persiste et signe.


Brigitte Muller

Jeux d'enfants 

Pendant mon enfance, j'étais un vrai garçon manqué jusqu'à mon entrée au collège : «Casse-cou comme ce n'est pas possible!» disaient de moi mes parents. Dans le village, il y avait deux clans de gamins: un groupe uniquement constitué de garçons et qui ne tolérait pas les filles et un autre qui acceptait celles-ci, à condition qu'elles ne soient pas des poules mouillées : ma place était bien sûr parmi ces derniers. Une bande d'une douzaine de mioches qui mettait de la vie dans le bourg! 

Notre jeu favori était d'intriguer à longueur de journée en lançant des cabales les uns contre les autres. Dispersés à travers le village, nous avions inventé des astuces pour nous contacter, nous retrouver ou nous informer d'un tour joué par l'autre camp; car les deux groupes étaient bien entendu des adversaires. Les ennemis tentaient d'intercepter les messages que nous nous envoyions mutuellement et qui étaient pour la plupart du temps portés par un petit frère ou une petite sœur. Si un papier tombait entre des mains rivales, tout était combiné pour qu'ils n'en comprissent pas le langage, donc la signification. Alors nous inventions des écritures codées uniquement lisibles par les alliés: l'écriture cursive, communément utilisée à l'école et bien trop facile à déchiffrer était proscrite, sauf quand nous la rendions invisible grâce au jus de citron: on ne pouvait décrypter le tracé du message secret qu'avec l'aide d'une bougie allumée que l'on faisait aller et venir à une dizaine de centimètres sous le parchemin.
     
Nos autres écrits, soi-disant indéchiffrables, se composaient d'hiéroglyphes de notre invention et les pictogrammes agrémentés d'arabesques et autres fioritures nous donnaient un sentiment de joie et de supériorité vis-à-vis du camp adverse. Mais la superbe retombait souvent car il n'était pas rare que nous oubliions le sens de nos signes et le gribouillis que l'on recevait alors devenait un rébus tellement mystérieux qu'il nous obligeait à jouer aux devinettes; cela donnait lieu à des malentendus ou des rendez-vous ratés: impossible de prendre un quelconque téléphone, rare dans les maisons à cette époque, et les quelques parents qui en possédaient un, interdisaient son accès aux enfants.
     Parfois il arrivait aussi qu'une simple
coquille dans le texte nous fasse tout comprendre de travers et nous étions alors obligés de nous retrouver tous dans notre repaire pour changer les logogrammes
      Mais le plus excitant et aussi le plus dangereux, c'était d'arriver à planter un
phylactère barbouillé d'un pamphlet sur le castrum de l'ennemi tout en essayant d'éviter les blocs de boue, les volées de pommes de pin et les jets de cailloux. Plus d'une fois, l'un d'entre nous dut rentrer chez lui avec un bleu au bras ou sur la cuisse, les vêtements maculés et déchirés et la mine peu fière en attendant d'être grondé ou puni à la maison. 

L'école primaire dans le village s'arrêtait avant la sixième et du même coup les jeux d'enfants prirent fin. Dès lors, mes parents exigèrent que je me comportasse en fille !


Michèle Grossetête

Nous sommes une génération livresque à qui nos parents ont inculqué l'amour de la lecture. 
     Au Noël de mes huit ans je m'émerveillais des Aventures de Pinocchio. Livre volumineux orné de gravures superbes que l'on m'avait offert. Ces aventures frappaient mon imagination, voire m'angoissaient lorsque je voyais le pauvre pantin enfermé dans le ventre d'une baleine éclairé à la bougie. J'ai lu et relu Les malheurs de Sophie au point de le savoir par cœur, comme se plaisait à me le rappeler maman. 
     Ce goût de la lecture et du merveilleux fut transmis à mes enfants à travers ces mêmes livres qu'ils découvraient lors des vacances passées chez leurs grand-parents, mes parents... 
     Nous jouions avec eux à divers jeux de société, devinettes, charades et
rébus... Tout y passait, jusqu'à glisser vers ces albums composés de petits dessins et de signes tracés dans des phylactères
     À nos neveux, bretons par leur père et qui habitaient les Côtes du Nord (aujourd'hui d'Armor), nous offrions des albums d'Astérix et d'Obélix, héros auxquels ils s'assimilaient. Mes fils eurent droit eux aussi à cette collection de Gaulois irascibles, ainsi qu'aux séries de Tintin, Gaston Lagaffe, Dalton, Tuniques bleues et autres Alix... 
      Cadeaux pas désintéressés, car nous, parents, parcourions quand nous en avions le temps ces BD. Moyen commode et rapide pour nous de faire une pause, même si nous étions loin d'en être les chantres. Dans les bulles de ces BD, pas de
gribouillis, des onomatopées certes, mais pas de logogrammes non plus comme ceux qui actuellement envahissent notre quotidien et le @ indispensable pour communiquer par courriel. 
      Nous sommes une génération de papier, de crayon, de plumes, d'encre et de stylo. Vous souvenez-vous des encriers de porcelaine blanche emplis d'encre violette logés dans nos pupitres d'écoliers? De l'apprentissage laborieux de l'écriture
cursive en s'appliquant à ne pas faire d'arabesques involontaires ni de pâtés au milieu de la page? Jusqu'à ce qu'arrivent le stylo plume à réservoir d'encre puis le stylo à bille libérateur. La bête était domptée, l'instituteur ne vous traitait plus de goret
     J'arrive au bout des souvenirs qui m'ont permis d'employer les dix mots de la langue française 2019 et m'aperçois que le mot
coquille ne se trouve nulle part, sauf dans ma conclusion...


Jeanne Parat
:

 

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2018 :

Sur le thème de la parole : "Dis-moi dix mots sur tous les tons ! "

Découvrons-les dans la grille de mots croisés :

 

   
(Grille proposée par M-F G)

Horizontal : 
I - Appel littéraire - Avocat, huissier ou notaire - Fait effet. II - Propos suffisant. III - Loquacité - Certains romans le sont. IV - Piètre chanteur haut perché. V - Rabelaisien. VI - Bavarde et désordonnée - Omettra. VII - Son - Réserve d'embrouilles. VIII - Liseron ou bavard - Père de Girflet. IX - Appel - Barde. X - Parlées au Vanuata - Lieu de confidence sans dessus dessous. XI - Suit le nu - Chuchoter

Vertical : 
1 - Vocative - Suit la théorie - Suffrage. 2 - Conservatoire - Roman de Philippe Djian. 3 - Politiques ou financières. 4 - Entrent chez Cicéron - Langue des monts Torricelli - Sur la Tille. 5 - Robes des rats - Communication rapide obsolète. 6 - Se servit des dents - Schutzstaffel. 7 - Préposition - Languette irrégulière. 8 - Inflexion - Propre de l'homme en remontant. 9 - Salives mal - Air vicié. 10 - Retombe en enfance. 11 - Juge d'un roman chinois - Papoter au Canada.


ACCENT, BAGOU, GRIOT(TE), JACTANCE, OHÉ, PLACOTER,
SUSURRER, TRUCULENT (E), VOIX, VOLUBILE

 

Roberte Burghard :

La foire de printemps bat son plein sous un ciel clair et un vent encore un peu acide. Une foule dense se presse sur la grand’place. Partout ça papote, ça placote, il règne un brouhaha de voix, de cris, de conversations que dominent les appels des forains cherchant à accrocher le badaud, le client éventuel par leur bagout souvent truculent.

Certains, entraînés par une longue habitude, déroulent, volubiles, un discours parfaitement rôdé. Leur jactance fait parfois effet et la foule s’attroupe. Une fillette tire sa mère par la manche et lui susurre à l’oreille son envie d’une belle barbe à papa.              

Ohé !  Un petit groupe rejoint le copain qui les a hélés, devant un grand noir en boubou, accroupi sur un tapis où s’étale toute une bimbeloterie colorée. Il raconte, avec un accent savoureux, tel peut-être un ancêtre griot, une vieille légende africaine.                   

Le spectacle est vraiment partout et la musique entretient une atmosphère de fête où chacun trouve son plaisir.

 

Michèle Larrère :

Le printemps des poét(ess)es

      Ohé ! Les filles, il est temps de vous réveiller
      L'heure n'est plus à
susurrer des mots esthétiques
      Ne laissez pas la
jactance d'un griot détrôner
      votre
truculent potentiel artistique !
      Vous êtes les meilleures ambassadrices pour un
      Oscar du
bagou.
      Soyez
volubiles
      Faites entendre votre répertoire créatif, 
      vos
voix de sirènes !
      Mettez l'
accent sur l'excellence de vos capacités 
      et ne permettez pas à vos antagonistes 
      de
placoter sur votre chute de reins 
      ou sur vos yeux de biche !

 

Marie Holder :

 

      ― Ohé ! Qui veut placoter avec moi ? 
     
De qui cet accent ? D'où vient cette voix ? Du Canada ? 
      ―
Moi, je suis le griot. Sans bagou ni jactance, je conte, en poète volubile, les exploits souvent truculents des rois anciens de mon Afrique. Si vous le voulez, je peux aussi, simplement, vous les susurrer...

 

Marie-Françoise :

Relation clientèle

 

Ma parole il est suspect... abîmé, déchiré, altéré, moisi, corrompu, avarié, filandreux, véreux! et les autres que voici sont du même acabit! s'exclama Irma volubile, en cherchant des yeux un vendeur. 

Elle en dénicha un retranché en milieu de travée qui lisait une BD et riait aux éclats en se tenant les côtes. Comment des personnages d'un graphisme de moins en moins soigné, vociférant des bulles aux caractères difficilement lisibles, en l'occurrence un griot déblatérant ses palabres dans le désert , peuvent-ils intéresser qui que ce soit? Décidément, le niveau est bien bas, pensa-t-elle en haussant les épaules. 

Ohé, vendeur, accourrez donc ici constater de visu! cria Irma d'une voix à l'accent peu amène. Ce n'est pas l'heure de déchiffrer vos phylactères quand dessous ces paquets de petits trous percés on trouve sur l'étal des filaments crottés! 

Mais Madame, rien de plus naturel, voyez sur ces paquets le label apposé :"BIO". Vous avez donc, en plus de la farine, les protéines. Et c'est heureux, car... commença-t-il à susurrer de son bagou de bonimenteur prêt à se lancer dans des propos propres à refiler une télé à un aveugle... 

Cessez votre jactance et dégainez votre portable! le coupa-t-elle. Appelez illico, de ce rayon, le responsable, le Chef! ordonna-t-elle d'un ton à ameuter les clients alentour friands du moindre incident truculent et susceptibles pour un rien de placoter en colportant rumeurs, ragots, bavardages et cancans. Fi du laisser aller, il faut, à plus d'hygiène, veiller dans le commerce! Que diantre! pesta Irma.

 

Mots doux

Gentille et si peu volubile Lucile ! 
Tu t'es laissé charmer au doux
bagout d'Arnould. 
Griot peut-être dans une autre vie, ou revenant de L'Arcadie ?, 
il
placotait sans te lasser ses aventures truculentes 
de jeunesse adolescente et de croisières en mer. 
Il lui arrivait de chanter : 
«
Ohé, ohé matelot ! Matelot navigue sur les flots...», 
de lire à haute
voix, de déclamer, même de résoudre des mots croisés. 
C'étaient des mots doux aux
accents jouvenceaux 
qu'à ton oreille attentive il
susurrait :
« M'importe, docile et fragile Lucile, ce que tu fais, ce que tu lis, ce que tu aimes. 
Mets par écrit pour moi ce que tu vois, ce que tu penses, à quoi tu rêves 
lorsqu'en mars en forêt, tu marches sous la
jactance des oiseaux!»

 

Acrimonie

Ohé ! Oyez ! 
Vous vous dites
griotte, mais n'êtes capable que de parlotte; 
Votre
bagou est bon à mettre au clou; 
Vous croyez vos propos
truculents, ils sont insignifiants; 
Vous
placotez en restant cachottier; 
Votre
voix est perchée et plate à la fois; 
Volubile, vous crachez votre bile 
de votre
accent outrecuidant bien loin d'être chantant; 
Vous croyez
susurrer mais êtes en train de crier; 
Vous m'accusez de
Jactance? Je vous impose: Silence!

 

Brigitte Muller :

Verbiage musical

Ça placotait ferme là-haut. Difficile de savoir si elles se chamaillaient ou si elles bavardaient simplement entre elles?

Il est vrai que là où elles étaient positionnées, une belle vue sur les environs s’offrait à elles ; elles pouvaient donc surprendre tout ce qui se manifestait dans les airs mais aussi sur le sol et les chemins en contrebas. Leur verbiage n’était certes pas truculent mais il n’en paraissait pas moins pittoresque, les modulations colorées et les notes passant du grave à l’aigu, chant ou léger caquetage?

Qu’avaient-elles donc à surveiller et épier depuis leur perchoir? un intrus, un importun, un gêneur, un ennemi, peut-être? Pas de jargon, pas de bagou volubile mais une voix à nulle autre pareille, une musique particulière, rauque, et qui lançait de temps en temps un cri strident, une sorte de croassement aigu, pareil à un avertissement qui semblait dire «O ! attention, danger!»

Loin d’être des griottes charmeuses, elles s’entouraient sans le vouloir vraiment, d’une multitude de musiciens qui chantaient et sifflaient dès les premiers rayons de soleil. La douce chaleur du printemps encourageait les gazouillis et certains s’égosillaient avec beaucoup de grâce: une mélodie inspirée, puis un air harmonieux et encore un autre, repris parfois comme un refrain, chanté en solo ou accompagné; si l’on était distrait, on aurait dit: «Quelle cacophonie, quelle jactance!».

Mais non, pas de dissonance et si quelquefois un accent se voulait plus perçant, un sifflement plus sonore, le rythme de la nature n’en donnait pas moins le ton et on aurait presque pu entendre les parents sussurer à l’oreille de leurs oisillons : «Allez, il est grand temps de quitter le nid. Envolez-vous maintenant.»

Ça placotait ferme là-haut au sommet des platanes. Au bord des nids éparpillés, les petites corneilles étaient prêtes pour le bal de la vie.

 

 

Monique Armando :

Petit règlement de compte

 

Après de bien longues années, Maître Renard rencontre Maître Corbeau sur un arbre perché.
        Ohé Me Corbeau! Comment allez-vous? Il y a bien longtemps que nous nous sommes vus.
        Ah ! bonjour Me Renard. Vous venez placoter avec moi?
        Non, je passais par là. Mais vous avez bien changé Me Corbeau... Votre plumage est bien terne et votre ramage n'est plus si volubile. Vous n'êtes plus le truculent griot de la forêt!
        À ces mots, Me Corbeau, avec un accent de révolte, lui répond:
        Et vous Me Renard qu'avez-vous fait de votre brio? Vous avez perdu votre bagout, et votre belle voix si flatteuse susurre votre jactance maintenant. Votre pelage est tout mité et vous ne tenez plus sur vos pattes...
        Me Renard tout penaud lui dit :
        Ah ! ne nous fâchons pas Me Corbeau. C'est vrai nous avons bien changé tous les deux. N'auriez-vous pas un fromage à partager ?
        Cette histoire n'a pas de morale... C'était pour placer mes dix mots !...

 

Jeanne Parat :

       "La voix ne résonne pas dans l'espace, mais dans le silence de l'autre" (Lacan)

       Au bal, au bal masqué, ohé, ohé, elle ne peut s'arrêter de danser, danser...
    
Truculent ce groupe de la Compagnie Créole!
      Georges Brassens n'en sert pas moins quand il nous dit: «Non les gens n'aiment pas que/l'on suive une autre route qu'eux».
        Et Francis Cabrel? Quelle voix quand il nous susurre à l'oreille: «Quand j'aime une fois, j'aime toujours!»
Chaque type, chaque couleur de voix suggère un timbre bien particulier et sert souvent à sur signifier ou à sous signifier un message. Ma voix circonscrit donc un espace proche de mon corps résonnant ou chantant, et le mot que j'utilise qu'il soit parlé ou chanté a son importance.
        Avec rapidité et abondance, mon langage est volubile. Avec ce langage abondant mais effronté tendant parfois à faire illusion ou mène à duper j'aurais, dira-t-on, du bagout.
        Quant à celui, en Afrique du Sud ou de l'Ouest qui «était poète à ses heures» mais pas que, puisque musicien et un peu sorcier, tambourinant sur un petit ou gros tambour, remuant son hochet, serait-il griot?
        Le langage tambouriné à la main ou à la raquette en bois ne titille pas nos neurones de la même façon que la flûte à bec ou traversière!
        Comme chaque année, l'association Franche-Comté-Québec nous invite, avec l'accent québécois bien entendu à nous rendre à Vesoul ou Besançon pour aller, sans jactance, placoter un peu avec eux.
        Sans nous "casser la voix", et même dans la cacophonie, vivons le ton et le bon son sur tous les fronts!

 

Bernadette Larrière :

Conversation téléphonique

Tu dis: "un super voyage", si je suis prête à voir du pays, entendre une langue différente, d'autres accents et connaître par la même occasion de truculents compagnons de voyage…

Mais quelle voix pour me proposer un tel périple! Tu me susurres avec ton bagou habituel un programme très alléchant, tu es si volubile avec cette jactance que je te connais bien! 
     D'accord ça me tente de faire le circuit des villes impériales du Maroc avec toi mais il faut tout de même que je réfléchisse, que je vérifie mon agenda, mes finances, que je m'organise, etc. ... à moins que tu ne sois aussi un
griot et que tu cherches à m'influencer !!
      . . .

Ohé ! cesse de placoter, tu m'as convaincue, je m'y projette déjà ! Inscris-moi s'il te plaît et envoie-moi la plaquette d'information, je l'attends avec impatience !

 

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2017 :

"dis-moi dix mots sur la Toile" 
qui mettent à l'honneur le numérique

Découvrons-les dans la grille de mots croisés:

Horizontal : 
I - S'écarte à nouveau de ce qui est prévu. II- Qualifie le matériel informatique mobile. - Coqs bien désordonnés. III- En Côte-d'Or. - Cloud. IV - Consulter fréquemment son téléphone intelligent en ignorant les personnes physiques présentes. V - Course à pied pleine de confusion. - Sans relation. VI - Violences physiques mal placées. - Ronge la nuit. VII - Marque-page informatique. - Produite par le sanglier. VIII- Patronyme à Brazzaville. - Difficile à endiguer. IX - Dieu domestique chez les Romains. - Titre de paiement électronique. - Transports rapides. X - Âge - Autrefois sur les mers, aujourd'hui sur le net.

Vertical : 
1 - S'ébattre avec joie. 2 - Productrice de légumes - Incarnation de Vishnou ou personnage virtuel. 3 - Erreur entraînant la nullité d'un contrat. - Change de direction. 4 - Combinaison typographique utilisée par les internautes pour manifester leur état émotif. 5 - Ratissera. 6 - Préposition latine. - Condition logique. - D'un gamin parisien. 7 - Gâches - Grande nappe. 8 - Trop utilisé. - Creusa la base. 9 - Imposture comique. 10 - Prénom féminin. 11 - Accueillir des services ou des pages Web sur un serveur. 12 - Sur la Tille - En remontant dans la manche - Pas d'ici-bas. 13 - Navigateur internet en action.
(Grille proposée par M-F G)

AVATAR, CANULAR, ÉMOTICÔNE, FAVORI, FURETEUR, HÉBERGER, NOMADE, NUAGE, PIRATE, TÉLÉSNOBER 

 

Marie Holder :

      Il est tentant parfois de télésnober pour fuir le réel et s'évader dans les airs. Se faire héberger sur un nuage pour vivre nomade. Et, fureteur d'un émoticône à l'autre, se chercher un avatar selon son humeur. Pirate serait mon favori, mais pirate de l'air, non ! Autant redescendre sur terre, car ce serait un très mauvais canular !

 

Brigitte Müller :

L’avatar

      La plupart du temps, nous partons en voyage avec mon beau-frère : il est spécialisé en informatique et surtout féru d’internet : les pirates du Net et les cyber attacks ne lui font pas peur ; c’est donc grâce à ses connexions sur le Web qu’il nous déniche parfois un séjour sympa à l’étranger.
      Un jour, au Sénégal, nous sommes en train de visiter l’île de Goré qui se trouve à l’Ouest de Dakar ; classée au patrimoine mondial de l’Unesco, elle représente la face noire des Blancs, la malheureuse traite des esclaves africains. Cette visite, il nous faut la faire car ma belle-mère est une descendante de la lignée de Marc Schoelcher, le frère de l’abolitionniste Victor : la Mamie attend donc des photos de l’île maudite, sauvée entre autres par le frère de son aïeul !
      Après avoir débarqué de la chaloupe, pilotée par un ancien
nomade, un Serere devenu sédentaire, nous commençons par déambuler, sous un beau ciel sans nuages, entre les vieilles maisons colorées et les rues fleuries de bougainvillées puis nous poussons jusqu’à la pointe de l’île où se concentre une bonne partie des artistes contemporains sénégalais. Mais il nous reste encore à voir l’« esclaverie », la maison des esclaves où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants étaient hébergés, que dis-je ! parqués et entassés pire que des bêtes ; c’est au moment où nous ressortons de la cellule des « Récalcitrants » que le beau-frère s’aperçoit qu’il a perdu son smartphone : une guigne ! lui qui voulait poster sur Facebook les situations et les souvenirs préférés, en l’occurrence en cet instant une vue de nos corps grimaçants qui se démènent pour s’extirper de la cave exiguë. Nous rigolons en douce car la privation des « émoticônes » réceptionnés sur son portable et surtout les « like », ses favoris, semblent l’affecter plus que la perte du mobile !
      Mais qu’à cela ne tienne, il clame à haute voix qu’il promet 20000 francs CFA à qui lui rapportera son appareil ! Ni une, ni deux, plusieurs jeunes détalent dans tous les sens et, promis ! ce n’est pas un
canular ! voilà ces fureteurs revenus au bout d’une demi-heure avec le bon téléphone ; à ne rien y comprendre…
      Bien entendu, le « bof » nous
télésnobe pendant encore une trentaine de minutes, le temps de raconter à ses « amis » internautes cet avatar… et nous avons juste le temps d’attraper la dernière chaloupe !

 

Roberte Burghard

Inquiétude

      Hello! 
      Quel silence de ta part! Aurais-tu décidé de
télésnober tes amis? Mes mails répétés ne trouvent pas d'échos malgré les émoticônes désolés qui les accompagnent. 
      Faudra-t-il que je lance un
canular par l'intermédiaire de nos connaissances? 
      Peut-être, tout simplement, un esprit
nomade a-t-il soufflé et poussée à prendre le large vers un de tes buts favoris
      Peut-être es-tu en train de voguer sur l'"
Avatar", ce bateau qui sillonne les mers froides. Gare aux pirates!... mais je crois qu'ils ne hantent que les mers chaudes. 
      Peut-être t'es-tu fait
héberger chez les Lapons pour découvrir leur vie nomade
      Mais ton esprit
fureteur n'a pas pu se perdre dans les nuages
      Alors?... 
      Une carte postale bien traditionnelle me donnera peut-être bientôt de tes nouvelles puisque, finalement c'est au courrier traditionnel que je confie ma lettre. 

 

Monique Armando :

Conversation à bâtons rompus avec ma petite fille 

      Un après-midi d'hiver, bien au chaud devant petits fours et café, nous discutons de tout et... de rien! 
     
Dis Mamie, pourquoi tu ne veux pas te "mettre" à l'ordi? Tu pourrais parler avec beaucoup de monde, tu aurais plein d'amis sur Facebook... 
     
Mais, des amis, j'en ai, je peux les voir, les entendre, les toucher et nous n'avons pas besoin d'émoticônes pour échanger nos émotions! 
      Haussement d'épaules... 
     
Tu peux, s'il te plait, me passer ma nomade qui est à côté de toi. 
     
Ta nomade
     
Oui... Ma tablette!... 
     
Oh là là ! tu ne vas pas me télésnober aujourd'hui? 
     
Si Mamie. Excuse-moi, mais c'est urgent. J'en ai pour deux minutes... Ma copine Zoé est en pleine dépression. Il lui est arrivé un triste avatar: son copain l'a trompée. 
     
Julien? Pas possible! C'est sûrement un canular
      Et ça tchatte!... et ça tchatte!... 
      Après dix longues minutes... 
     
Dis Mamie, moi aussi j'ai un problème: mon compte bancaire est au rouge... J'essaie de mettre en action mon fureteur pour naviguer et ne peux atteindre les services de ma banque sur le serveur où elle les fait héberger. Un pirate à tout bloqué et, évidemment, tu ne sais pas ce qu'il faut faire... 
     
Ben non! Tu vois, moi, j'ai un petit crayon et je note tout sur un petit cahier. J'ai un joli marque-page (pardon, favori) et je sais tout sur mes comptes! 
     
Oui, mamie, je sais. Pour toi les nuages ne s'appellent pas Cloud. Tu rêves d'une vie de nomades et de pirates sur la mer. Tu relis tes livres favoris, etc. etc. 
     
Oui, ma chérie, c'est vrai. Mais notre différence de langage ne nous séparera pas. Je vais penser à ton compte en banque. 
     
Oh! Mamie, tu es géniale! 

 

Monique Litzler :

      J'aime les reportages à la télé.  Découvrir les terres sauvages, les fonds d'océans avec leurs poissons calmes et multicolores qui me semblent danser. Les arbres magnifiques, droits comme des empereurs, les jardins multiples, tous différents, de tout pays, les oiseaux de paradis très remuants, et un peu architectes d'intérieur, les singes, pirates avec leurs congénères... Cependant je vais les télésnober, enfin si l'on peut dire, pour passer à la lecture du "Chat du Rabbin" qui m'attend, mon plaisir favori.
      Je suis un peu
nomade dans mes divertissements et sans Internet ni ordinateur, ce ne sont pas les dessins des émoticônes de quelconques messages qui m'émeuvent. Ceux des bandes dessinées de la bibliothèque municipale me suffisent. Elle en possède un large fond. Histoires policières, faits historiques, et même un Avatar. Dessins étonnants de guerriers interplanétaires, tantôt animal "cornu", tantôt plante "sabre".  Ce n'est pas un canular mais un héros de bande dessinée.
      Mais voyons ce que fait le Chat du tome 3.
      Il est bleu avec des yeux verts. Il parle quelquefois à son maître Le Rabbin et à sa maîtresse la fille du Rabbin. Il est si mince qu'il se glisse partout, et si
fureteur qu'il faut le chercher dans les dessins. Parfois il se fait héberger par les voisins. Il lui arrive d'aller à Paris avec ses maîtres et d'y rencontrer un petit chien qui l'accompagne. Ils visitent une église, un restaurant, la synagogue étant fermée.
      Soudain un gros
nuage noircit les rues, les dessins sont alors emplis de gouttes d'eau grise et bleue de toutes dimensions, les deux petits compagnons sont à peine visibles sur les images. Au dessin suivant l'eau monte dans la rue, le Rabbin explique à son chat qu'il ne peut pas le porter car aujourd'hui c'est shabbat. Alors le chat ne devient plus qu'un trait sur l'image suivante.

 

Marie-Françoise :

      Je viens ce concocter un joli poème qui pourrait fort bien accompagner mes vœux du prochain Nouvel An, aussi je me sens sur mon petit nuage et place un émoticône :-) [visage couché de la joie, pour les anglais smiley (sourire), pour les canadiens plus prosaïques, binette...]. 
      Le temps venu je les enverrai par courriel, à vous, chères Dulcinée(s) du Café littéraire luxovien, puisqu’il s’avère que les lecteurs sont principalement des lectrices.
Et pour qu'il touche le plus grand nombre je le mettrai en ligne sur le site www.calilux.net, qui est le reflet plus ou moins déformé de notre activité autour des livres et des auteurs au Centre Social Saint Exupéry de Luxeuil. En espérant qu'un pirate n'ira pas le dérober sur la Toile et se l'approprier. C'est, voilà qui est moins poétique, l'un des avatars possibles du Net. 
      Nos réunions de Café, vous le savez fort bien puisque vous en êtes les fidèles participantes, ne sont pas toujours aussi sérieuses que celle que nous avons tenue en évoquant Stefan Zweig. Pour laquelle nous avons eu un visiteur occasionnel. Un curiste, venu nous écouter parce qu'il avait lu le Joueur d'échecs. Il passa malheureusement une partie de son temps à nous
télésnober en pianotant sur son smartphone. Peut-être attendait-il un message urgent, que, loin des siens, il pouvait réceptionner grâce à cet appareil nomade
      Même si chaque année, lors de notre réunion de mars, nous jouons à résoudre une grille de mots croisés puis à concocter le texte incontournable contenant les Dix mots de la Langue française... le site du Café littéraire luxovien, n'est pas un site de jeu. Ni un forum de discussion, et n'est inscrit sur aucun réseau social. De sorte que, si vous souhaitez y apporter du contenu, comme je vous y encourage vivement, il est inutile de vous choisir un
avatar (image pour vous représenter). Toutefois, si vous tenez à garder l'anonymat, vous pourrez signer votre note de lecture ou l'expression de votre ressenti lors d'une rencontre avec un auteur, d'un pseudo. Ainsi, moi-même... 
      Mais je ne vais pas vous dévoiler tous mes secrets. 
      Il vous sera loisible d'en dénicher quelques-uns en visitant le site auquel vous pourrez accéder plus rapidement en l'inscrivant en
favori sur votre navigateur, pour peu que vous preniez la peine de vous transformer en fureteur avide d'en explorer les nombreuses rubriques. 
      Je le fais
héberger à mes frais, moyennant à quoi, il n'est pas pollué par la publicité dérangeante des serveurs gratuits. Il faut savoir ce que l'on veut. Je hais la publicité masquant partie des pages pour happer l'attention des internautes. 
      Autre détail à signaler, si vous écrivez quoi que ce soit pour le site, envoyez-le de préférence par courrier électronique, que je puisse par copier-coller l'insérer facilement sans avoir à tout retaper. D'avance merci. Et, de grâce, surtout ne me transmettez pas le dernier
canular qui circule sur le Web et que vous venez de recevoir. Enfin, si dans un message que vous me transmettez, il faut cliquer sur quoi que ce soit pour accéder à du texte, une vidéo ou un diaporama, tout aussi instructifs, amusants, sublimes ou poétiques que vous me les vanterez, je les mettrai directement à la poubelle, sans les ouvrir. Car c'est ainsi que l'on risque de télécharger à son insu, virus, cheval de Troie ou autres logiciels espions malveillants. 
      N'allez pas en déduire que je sois parano, mais la crainte du piratage ou du pistage, et surtout du vérolage, me retient même de stocker mes documents personnels sur un serveur distant, dans le Cloud,
nuage en français, et m'encourage à continuer à préparer mes pages sur mon vieil ordinateur au système d'exploitation largement dépassé avec lequel par conséquent je ne navigue plus depuis longtemps sur Internet. 
      Le jour où celui-ci ne fonctionnera plus, ce sera pour moi un drame :-( parce qu'il est doté de logiciels qui ne sont plus compatibles avec les ordinateurs de dernière génération et qu'il est depuis de nombreuses années, l'objet magique, l'ami fidèle, à qui j'ai confié mes joies et mes tourments. 
      "Objets inanimés, avez-vous donc une âme?
      Que voulez-vous, j'ai un fond romantique, on ne se refait pas.

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2016 :

"dis-moi dix mots... qui invitent à partir à la découverte du français parlé dans les différents territoires de la Francophonie" 

Découvrons-les dans la grille de mots croisés:

 

 

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

    I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  IV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   V

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  VI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 VII

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VIII

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  IX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   X

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  XI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 XII

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Horizontal :  
I. Suisse alerte et plein de vie. - Vendeur, représentant et placier. II. Pas prononcé distinctement. III. Il a une cité à Marseille et une chapelle à Ronchamp. - Contre la règle. IV. Point. - Université Libre de Tunisie. - Don Rodrigue. V. Renforce l'accord. - Elle a une avenue à Nice. - Voie à suivre. VI. Forme de rire. - Congolais influent aux nombreuses relations. VII. Virus. - Étendre. VIII. Base de données centrale d'un opérateur de réseaux mobiles. - Poisson du Léman. - Sur la portée. IX. Dans la province de Ferrare en Italie. Est donc passée à l'hôpital. X. Norme de sensibilité photographique. - Permet de garder plus longtemps. - Boisson anglaise. XI. Express serré suisse. XII. Petit commerce québécois d'alimentation et d'articles de consommation courante aux heures d'ouverture étendues.

Vertical :
1. Peuvent encore se faire des donations. - Pleuvoir à verse en remontant sur la Belgique. 2. Que l'on ne peut percevoir. 3. Carlo Emilio. - Embellit. 4. Circule seulement à Orania. - Le chlore. - Soleil d'Égypte. 5. Ouvre la gamme. - Sournois. 6. Feignit. - Éditions de l'Homme Sans Nom. 7. Versées dans les sciences ou dans la piscine. - Faible lumière belge. 8. Commune de Normandie. - Minibus orné de peintures naïves en Haïti. - Cours court. 9. Mesure d'ailleurs. - Cours du Nord. - Belle de Hongrie à l'est des Monts Mátra. 10. En connivence. - Bout de glace. - Régiment d'Infanterie Territoriale. 11. D'une manière qui inspire le respect. 12. Vent dans la neige québécoise. - Piégé.
(proposée par M-F. G)

 

CHAFOUIN, CHAMPAGNÉ, DÉPANNEUR, DRACHER, FADA, LUMEROTTE, POUDRERIE, RISTRETTE, TAP-TAP, VIGOUSSE

 

Jeanne Parat :

Vigousse, petit suisse alerte et plein de vie 
menait depuis toujours bon train avec envie, 
et c'est sur notre territoire franc-comtois 
dans un petit bourg au musée de la mine et du charbon d'autrefois 
qu'il monta, 
là, où
Fada
à la chapelle de Ronchamp, 
a cité pour longtemps ; 
de même qu'à Marseille, 
là où bonne mère veille. 
Entre deux, et grâce aux nombreuses relations avec le Congolais
champagné 
il visita la campagne. 
Il poussa ses pérégrinations jusqu'en Suisse 
afin, détail, qu'il puisse 
y boire un petit
ristrette 
express 
bien serré 
qui puisse le mener 
cela était-il un rêve ou un vœux ? 
à travers la
poudrerie neigeuse québécoise où, heureux, 
il trouverait un
dépanneur, c'est sûr 
car, bien étendues étaient ses heures d'ouverture. 
Après avoir longtemps visité, regardé et aimé 
ces lieux neigeux et embrumés 
le petit suisse en avait toutefois assez 
et c'est dans un minibus de peinture naïve orné 
qu'il rejoignit Haïti 
non pour y manger des clafoutis 
mais parce qu'un un
chafouin lui demanda: « Petit » 
combien vaut ton
tap-tap
C'est là qu'il dit: « J'm'en tape » 
car retournant en Belgique 
là où il ne fait que
dracher comme trique 
il n'aurait besoin que de sa petite
lumerotte 
en écoutant le vent et en se frottant les menottes !

 

 

Roberte Burghard

Conférence

      Autour de la grande table de conférence, l'assemblée réunie là a quelque chose de cosmopolite même si la francophonie lui donne une certaine unité.
      Les accents identifient parfois les participants et l'on peut reconnaître, au gré des conversations, le voisin helvète bien
vigousse, le Belge qui a délaissé un temps son pays où il drache si souvent que les lumerottes sont nécessaires pour réveiller le clair-obscur, le cousin canadien qui, loin des poudreries des hivers de son pays, apprécie la douceur des zéphyrs. L'accent chantant d'un natif du pays d'oc qui raconte sa visite à la chapelle de Ronchamp, l'œuvre du "Fada " Le Corbusier, tranche sur ces accents plutôt lourds, de même que le parler exotique de ce champagné congolais qui a oublié les taps-taps de son pays en visitant le musée Peugeot.
     Dans le brouhaha, on n'a pas remarqué le Suisse qui a quitté un moment la salle pour se trouver un
ristrette revigorant, ni le québécois parti à la recherche d'un dépanneur pour lui fournir un objet oublié.
      Tous deux viennent de reprendre leurs places subrepticement en même temps que s'installe un nouveau personnage, sérieux, à l'air
chafouin, presque sournois, assez imbu de lui-même.
      Et effectivement, le silence se fait. La séance peut commencer.

 

Brigitte Müller :

Un voyage hors du commun

      Lorsque notre fils aîné est parti travailler au Salvador, nous sommes allés, mon mari et moi, lui rendre visite au mois de décembre de l'année 2004. Nous voulions passer Noël avec lui et du même coup visiter l'Amérique centrale.

      D'abord nous arrivâmes sous une pluie battante: ça drachait fort, comme diraient nos amis les Belges! Bien entendu notre fils ne nous attendait plus à l'aéroport comme il était convenu, vu que notre avion avait plus de dix heures de retard; nous étions en train de nous frayer un passage entre les flaques d'eau, les taxis et la multitude de tap-taps, ces sortes de minibus peinturlurés de dessins naïfs, en nous demandant comment nous allions nous débrouiller avec notre pauvre connaissance de la langue espagnole, quand nous aperçûmes notre fils qui venait à notre rencontre d'un pas vigousse. Nous étions déjà trempés jusqu'aux os faute de parapluies car la belle saison était prévue ici; nous espérions donc pouvoir nous réconforter avec un bon ristrette, le Salvador étant un producteur de café; malheureusement, nous apprîmes que les autochtones produisaient bien du café mais que tout allait à l'exportation, question de rentabilité! Les caféiers étaient soigneusement gardés, quitte à ce que le propriétaire couche au pied de son arbre, les champagnés, eux, confiant leurs plantations à des hommes armés…

      D'ailleurs, nous allions rapidement constater que les armes étaient monnaie courante dans ce pays. Tout le monde en possédait et s'en servait!

      Notre fils et sa compagne, désirant sortir du "ghetto" réservé aux expatriés, avaient loué une finca à cinquante kilomètres de San Savador; ils préféraient ainsi se trouver plus proches de la population et profiter de leur ferme construite au milieu d'une végétation luxuriante; elle devait cependant être surveillée la nuit par un veilleur car des chafouins venaient régulièrement faire le mur en quête de chapardage.

      Pour le ravitaillement, il valait mieux éviter la capitale, trop encombrée et aller s'approvisionner dans les petites épiceries locales qui restaient ouvertes à longueur de journée, en quelque sorte comme les dépanneurs au Canada; cependant, il fallait avoir du courage pour aller faire ses courses, surtout à la nuit tombante; vous deviez alors vous diriger vers une petite lumerotte qui vous guidait jusqu'au soi-disant magasin, et vous arriviez à un guichet ferraillé derrière lequel se trouvait le vendeur, arme à feu à proximité; quand notre espagnol faisait défaut, il fallait montrer du doigt la denrée convoitée qui nous était remise après paiement. Et repartir en voiture en évitant soigneusement les trous béants dans la chaussée car des fadas venaient chaque nuit voler les couvercles des égouts et provoquer ainsi maints accidents, souvent mortels.

      Des accidents, il y en a eu tout au long de ce mois de décembre: en effet, la coutume était de lancer de gros pétards jusqu'à la veille du nouvel an et les échoppes de vente de ces engins fabriqués artisanalement poussaient partout comme des champignons; même les gamins faisaient exploser ces bombes et quand vous vous trouviez par hasard non loin de la pétarade, vous en sortiez tout ahuri, enveloppé par une fine poudrerie semblable à de la neige qui retombait en un nuage de confetti et de fumée malodorante: chaque matin, le journal local rapportait en faits divers des doigts ou une main déchiquetés, un œil perdu si ce n'était pire…

      Nous-mêmes avons fêté le Nouvel An 2005 dans les airs, avec champagne et dîner aux chandelles, la compagnie aérienne nous ayant offert un retour en France en première classe.
Je rentrai chez nous avec des images plein la tête et une bronchite carabinée que j'ai eu du mal à soigner !

 

Brigitte Grillot :

Paysage-Métallique

      La vue que j'ai d'ici côté jardin, n'est pas propice au rêve. En s'approchant d'une fenêtre, Regard-Désarmé a l'impression, chaque fois, de se cogner contre quelque chose et par réflexe Corps-tout-entier s'immobilise, comme s'il s'était lui-même heurté.
      Aucun vis-à-vis d'immeuble ni de haut mur, ne provoque cette gêne. Bien plus original, le coupable, c'est un édifice en métal, qui dresse en rangs multiples, des tours carrées, presque pleines, à claire-voie, et des étagères rectangulaires, plus larges et profondes, cependant mieux aérées.

      À quoi peut-il servir Paysage-Métallique? À stocker les palettes d'Usine-PSA sur une plateforme qui borde le fond et le coté droit de mon jardin; côté gauche, Haie-de-Thuyas sépare des voisins. Me voilà bel et bien enfermée!
      Pas même discrètes dans leurs couleurs, ces palettes! Je crois voir concentrées ici toutes les peintures vives d'un
tap-tap : le jaune pour la masse, le vert, le bleu criard, n'oublions pas l'orange, manq'plus qu'le rouge pour faire l'affaire! Et bien sûr que la rouille est là pour assainir tout ça !

      Ces derniers temps, les palettes plates (des tours carrées) comme les palettes à ridelles (formant les étagères), toujours plus haut et loin s'empilent. Moi y'en a dev'nir fada! Moi va demander aux caristes s'il est possible de réduire certains niveaux, les plus gênants, à proximité de Fenêtre-Chambre. En cas de refus, il faudra s'adresser aux personnes influentes de la ville, en référer peut-être au Champagné.

      J'ai beau vivre là comme dans un cloître, il n'empêche! Je profite bien de Bonus-Jardin! Par Courte- Allée-centrale on le traverse, y frôlant Lilas-Mauve, peut-être Cléo-Chienne, noire et âgée, Coeur-de-Marie-Françoise... et puis Melon. Lui n'a pas été planté ni acheté chez l'dépanneur, mais recueilli, car Melon est un chat roux et blanc, vigousse miauleur, et qui me suit si je descends terregratouiller jusqu'à ce que Pause-Ristrette me rappelle l'heure de remonter.

      Maintenant c'est la nuit, ou presque. Pour continuer de narguer Regard, les palettes s'écrient: «Mettons-nous à briller sous la lumière des lampadaires!» Mais Regard-Chafouin trouve cette fois des parades: soit il déroule les volets, soit il sort sur le palier en haut de l'escalier, se tourne vers la droite, et alors il la voit, la contemple dans sa simplicité, parle un peu avec Elle quand le temps le permet, parle en se taisant, dans son langage-regard, méditant, lui sachant gré de sa présence.

      Elle, c'est Chapelle
      Sur la colline de la Motte
      Elle, c'est
Lumerotte
      Qui chaque soir l'éclaire
      Et se double à Noël
      De Clocher-qui-clignote

      Que peut encore le pénitentiaire
      Édifice coloré
      Contre la valeur
      Le pouvoir éthéré
      D'une lueur?

      Ciel-Obscur peut dracher, pleuvoir
      Faire masque de brouillard
      Soir après soir
      Veille Chapelle
      Sa Dame-Céleste

      Combien de temps en sera-t-il ainsi?
      Combien de neiges, de vents, rafales de
poudrerie ?
      Avant que tout se gâte!

      Car en sous-sol de la colline
      Une chaleur sous pression
      Récemment repérée
      Pourrait tout faire trembler

      Alors on la surveille, notre belle, avec raison
      Et l'on nous préviendra
      lorsque fuir, il faudra

      Nous reste, dit-on, quelques années
      Pour dès les soirs tombés
      La voir
      Ou au travers des brumes
      La deviner
      Elle, Lénifiante-
Lumerotte
      Elle, Notre-Dame-de-la-Motte

 

 

Bernadette Larrière :

La retraite

      Pour fêter leur retraite ils étaient partis faire le grand voyage de leur rêve: l'AMÉRIQUE DU SUD , les ÉTATS-UNIS et pour finir le CANADA… Ils s'étaient faits traiter de fadas par leurs amis plus casaniers…
      Ce grand périple leur avait permis de rencontrer toutes sortes de personnes , les unes très affables , d'autres au caractère plus
chafouin . Au bout d'un mois, leur voyage touchant à sa fin, ils ont reçu un message leur annonçant la naissance de leur petit fils à Paris. Quelle émotion d'être grands-parents pour la première fois! Ils vont fêter ça avec un ristrette pour changer du café canadien… puis se précipitent chez le dépanneur pour lui choisir un souvenir! Lui, se dirige aussitôt au rayon des voitures miniatures et se décide pour un joli tap-tap très coloré… Elle, ne trouve rien de circonstance et lui dit qu'il n'a pas la moindre lumerotte de connaissance d'un nouveau-né car même s'il est vigousse comme son grand-père, il n'est pas prêt de jouer aux circuits de voitures avec lui!
      Pendant le retour en avion ils se chamaillent encore pour savoir à qui ce petit Thao va ressembler etc. etc., et c'est très énervés qu'ils débarquent à Roissy, où il
drache hélas et où un chauffeur de taxi champagné les emmène très vite à la maternité à leur plus grande joie.

 

 

Monique Litzler :

      Il était une fois un garçon alerte, dynamique et vigousse, qui, après avoir bu un dernier ristrette quitta son pays, la Suisse, et entreprit un long voyage en passant par la Belgique, un jour de faible lumerotte et de dracher. Il rencontra un jeune homme dans un bistrot, pas chafouin du tout, originaire d'Afrique, un vrai champagné, qui était en partance pour le Québec, et qui lui donna l'adresse d'un dépanneur en lui certifiant qu'à cet endroit, il ne risquait pas la poudrerie et qu'en plus, ce copain possédait un logement vide dans la cité du "Fada ". Voilà notre garçon content, puisqu'il verra Marseille en revenant, tout ça, à moindre frais, parce qu'il pourra utiliser un tap-tap.

 

 

Marie-Françoise :

      "Il existe au milieu du temps, la possibilité d'une île..." Cette phrase, extraite d'un roman, dont certains trouvent à l'auteur un côté quelque peu chafouin, en toi, cependant, fait écho. 
      Tu savais qu'il existe un état qui abolit l'espace. Tu sais à présent qu'il abolit aussi le temps...
      Dans cette île il venait / il vient,
champagné et vigousse, porteur d'une lumière éblouissante, bien plus intense qu'une simple lumerotte. Ne lui est plus besoin pour se déplacer d'avion, de yacht, de train, de tap-tap, de voiture ou même de bicyclette. Et peu lui importent les conditions météo. Rien ne l'arrête. Ni la canicule de l'été, ni la poudrerie de l'hiver, ni lorsqu'aux équinoxes il se met à dracher. Quand il s'annonce à l'improviste, inutile de courir chez le dépanneur du coin acquérir quelque victuaille pour le sustenter, le plus souvent il n'accepte pas même un ristrette, mais préfère un grand verre d'eau fraîche pour se désaltérer, car il est grand causeur. Il n'a pas d'âge et il a tous les âges. Il est un grand vaurien, un fada aux yeux de quelques-uns.

 

/avec les "Dix Mots" de la langue française 2015 :
 "dis-moi dix mots que tu accueilles" 
sur le thème de l'hospitalité de la langue française :

 

Découvrons-les dans la grille de mots croisés:

 

 

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

    I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  IV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   V

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  VI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 VII

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VIII

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  IX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   X

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  XI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Horizontal :
I. Ne peut être humilié. II. Conjonction.
- Sable grossier. - Permet de choisir une couleur. III. Bouche trou chez le dentiste. IV. Décoration incomplète de mauvais goût. - Galant ou d'affaires. V. Rayé ou surdoué. - Va sur l'eau. VI. Bord d'Italie. - On y prend des coups. - Article qui vaut de l'or. VII. Sans queue ni tête dans la bouche d'un curé. - Cocktail du précédent - Mister raccourci. VIII. Denis Grozdanovitch en fait tout un chapitre dans "La puissance discrète du hasard". IX. Arturo pour les proches. - Dans le désordre au-dessus d'un nid de coucou. X. Anti-héros à rebours. - Mesure d'ailleurs. XI. S'obtient par détachement quiétiste. - Support.

Vertical :
1. En fin de formation.
- Ménageries de jardins. - Terminaison verbale.
2. Ainsi va le ver.
- Festivité annuelle. 3. Tout l'art des publicistes. - Étain. 4. 116 à Luxeuil. - Colportage d'ouvriers. - L'Irlande mise en peine. 5. Met à niveau. - Homme du Canada. 6. Princesse japonaise très désordonnée. - Prénom d'un pianiste roumain. 7. Pour les agriculteurs. - Contribue à la connaissance collective. - Après la théorie. 8. Son grain n'est pas toujours apprécié. - Fagotée. 9. Devrait porter bonheur. 10. Souvent accompagné des mains. - Média de masse. 11. Bleu prénom vietnamien. - Structure porteuse de spores. 12. Surveille le vieillissement des vins. - Emblème de Visé.
(proposée par M-F. G)

 

AMALGAME, BRAVO, CIBLER, GRIGRI, INUIT, KERMESSE, KITSCH, SÉRENDIPITÉ, WIKI, ZÉNITUDE

 

Marie-Françoise :

       Mot intimement lié à l'idée de l'inauthentique, de la surcharge et du mauvais goût, elle l'avait, par étourderie, mal orthographié ce KITSCH au cœur de la grille de mots croisés concoctée pour jouer avec les dix mots proposés cette année 2015 par le ministère de la culture et de la communication . Il y manquait le C. 
      C'est que, fabriquer une grille n'est pas une sinécure, cet
amalgame de mots doit respecter des règles. En général les deux plus grands sont d'abord placés, horizontalement et verticalement, leur nombre de lettres déterminant le nombre de cases que comportera la grille en largeur et en hauteur, créant des limites qu'il ne faudra plus dépasser. Ensuite il est bon de cibler les lettres communes aux différents mots afin que ceux-ci se croisent. Ainsi le K commun à KERMESSE et à KITSCH. La grille terminée elle ne devrait, en principe, pas comporter plus de cases vides de lettres c'est-à-dire de cases noires, que ne comporte de cases sa plus grande longueur... Bravo si vous y parvenez ! 
      Pour aider à la réalisation de la grille,
porter un grigri ne sera d'aucun secours, sauf bien sûr si des lettres de ce substantif sont communes à celles de mots déjà placés. Le hasard fait parfois bien les choses, ou la sérendipité, quand en cherchant à placer un mot, on découvre que tel autre peut remplir l'espace avec bonheur. Mais peut-être en la matière ce terme est-il erroné, puisqu'il ne s'agit pas ici d'une découverte qui va changer le monde... 
      Lorsque tous les mots se croisent à la perfection, le travail n'est pas fini pour autant. Il faut leur trouver des définitions suffisamment astucieuses pour que les cruciverbistes ne remplissent pas en cinq minutes une grille que vous aurez mis des heures à mettre au point. De nos jours il n'est plus nécessaire d'ouvrir un dictionnaire papier, il est rapide et facile de chercher le ou les différents sens d'un mot à l'aide d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un smartphone connecté sur les sites
WIKI Wikipédia et Wiktionnaire entre autres ces outils de connaissance collective que tout le monde peut améliorer, même un Inuit, puisque Internet arrive jusque dans les régions arctiques. 
      Enfin, lorsque votre grille et vos définitions sont au net et soumises à la sagacité de vos amis, tandis que l'ire gagne certains d'entre ceux qui éprouvent des difficultés à la résoudre du fait de vos définitions retorses, vous, satisfait du travail accompli, jouissez de la plus grande
zénitude.

 

Brigitte Müller :

Lire ou ne pas lire un livre

       Aujourd'hui beaucoup de personnes pensent que lire un livre-papier, ça fait kitsch : c'est plus tendance d'aller sur le Net pour peaufiner ses recherches. Tous les Wikis sont prêts à nous aider dans nos investigations: un clic et vous saurez tout sur la façon dont vivent les Inuit, un autre et vous connaîtrez les jeux à préparer pour une kermesse. Il n'y a pas d'amalgame possible, il suffit de taper le mot voulu et on a la réponse immédiate; finis les gros dicos, les Larousse et autres encyclopédies. Internet est là pour notre confort, notre bien-être.
      Tenez, par exemple, pour le mot
sérendipité, on a beau fouiller tous les dictionnaires, rien à faire, il ne s'y trouve pas. Courons vite vers notre nouvelle mascote, notre gri-gri chéri et hop! quand le nom est ciblé, la définition arrive à toute vitesse ainsi que le pourquoi et le comment et nous saurons tout du début jusqu'à la fin...
      N'est-ce pas la
zénitude ?
      Alors pourquoi existe-t-il encore des gens qui préfèrent les
«mots» sur papier aux «maux» du Virtuel?
     
Bravo aux résistants!

 

Michèle Larrère :

       Le thème choisi pour le Printemps des Poètes de cette année 2015, «l'insurrection poétique», me rappelle que la liste est longue des poètes dits «insurgés» ou réactionnaires, comme ce fut le cas pour Charles Baudelaire.
       L'amalgame entretenu pour les critiques avait pour mission de défendre les intérêts conservateurs des bons écrivains bourgeois peu sympathisants.

       Les mots sélectionnés venus d'horizons divers, m'embarrassent, leur couleur plus pittoresque que poétique, ne m'a inspiré que de laborieux faux alexandrins, du kitsch sans vanité littéraire.
       C'est pourquoi je plaide l'indulgence pour ma prose poétique, loin des cimes de l'art et de la pensée.

       J'en appelle aux grigris créoles,
       Afros, Inuits et même de Music-hall
       Comme à la kermesse, quand il faut cibler
       Une humble petite surprise qui ne se laisse pas pêcher.
       Inspire mon esprit, Wiki du web, évince ma solitude
       Éveille mes neurones vers la
zénitude,
       Hélas! l'inspiration m'ignore loin des
bravos,
       L'Oracle de l'Olympe n'a pas parlé en écho.
       Et comme une planche de salut, je fuis loin de la gloire,
       Point de
sérendipité, en pas de chance et pas de victoire.

 

Micheline Lathelier :

       Bravo au site Wiki qui me permet ce soir de découvrir la signification du mot sérendipité ou l'art de découvrir une chose sans la chercher réellement. Les mots vont et viennent, ont leur vie propre, sont à la mode, s'éclipsent puis ressurgissent lors d'événements particuliers. Tout récemment, notre pays semble redécouvrir le mot «amalgame» tant les médias l'ont relayé et agité tel un grigri lors des kermesses journalistiques télévisuelles que l'on nous a proposées, midi et soir, ainsi que dans la presse écrite, suite aux tragiques attentats parisiens venus troubler nos certitudes, notre relative zénitude.
     
Cibler un groupe de personnes, quel qu'il soit, et l'exécuter froidement au nom d'un combat idéologique est une ignominie que nous ne pouvons que condamner et combattre avec la plus grande fermeté. Nul n'est à l'abri, et tous, devons nous sentir concernés et interpellés par cette folie humaine. Du nord au sud, d'est en ouest, il appartient à chacun d'entre nous de mobiliser les consciences afin qu'advienne un monde nouveau dans lequel, qui que ce soit, s'enrichirait des différences de l'autre.
     
«Altérité», un mot encore bien kitsch me direz-vous?
     
«J'ai fait un rêve» ainsi que le disais Martin Luther King, et bien ce soir, le mien serait que des milliards de personnes se lèvent pour dire non à la barbarie, à toutes les sortes d'oppression, d'humiliations qui gangrènent nos sociétés, notre environnement, notre terre mère. J'en appelle à tous les Hommes et Femmes de bonne volonté, jusqu'à nos amis Inuit s'il le faut! Eux qui sont aussi les victimes d'une autre forme de terrorisme...
                                                        
(ML-22 mars 2015)


Monique Armando :

Retrouvailles inespérées

       Le vieil inuit, couvert de grigris était assis sur un tapis de fourrure, son chien couché à ses pieds. Le feu crépitait dans l'âtre. Sur des meubles style rococo trônait un amalgame de statues et de récipients en os de baleine. Tout cela faisait un décor un peu kitch et une zénitude se dégageait de la pièce.
       Mais que faisait ce vieil esquimau adossé au mur, un P.C. portable sur les genoux? Il essayait de trouver l'adresse de son vieux copain de parties de pêche. Ils ne s'étaient pas vus depuis si longtemps et il voulait l'inviter à la grande
kermesse du village. Mais ce soir impossible de cibler sur Wiki. Pas de réseau... trop de vent peut-être... Tant pis! encore une année sans se voir, pense-t-il.
       Soudain, on frappe à la porte. Surprise! son vieil ami est devant lui. Ébahi, il ne sait que dire.
      
Bravo ! Plus besoin de chercher l'adresse, le destin s'en est chargé.
       Ils fêtent donc cette
sérendipité dans la joie des retrouvailles une bonne partie de la nuit!...

 

Bernadette Larrière :

Mon voyage au Canada

       Il y a quelques années j'ai gagné le gros lot à la kermesse paroissiale. Bravo m'a dit mon mari lorsqu'il a vu de quoi il s'agissait: 2 billets d'avion PARIS-MONTREAL.
       Qu'elle chance! nous avions justement envie de faire ce voyage! aussi nous nous précipitons sur
WIKI pour recueillir le plus de renseignements possibles afin d'organiser au mieux notre séjour là-bas et de cibler nos visites. Nous y passons de nombreuses heures en espérant secrètement faire des découvertes inouïes... mais aucun effet de sérendipité dans nos recherches!
       Par contre, grâce à notre bonne organisation en amont, notre voyage s'est merveilleusement déroulé. Nous avons pu découvrir Montréal, le stade olympique très original, la ville souterraine avec la rue sainte Catherine, la magnifique église Notre Dame, etc. Ensuite après avoir fait une halte au lac saint Jean, nous avons apprécié la ville de Québec, qui rappelle un peu celle de Saint Malo, avec le château Frontenac, les plaines d'Abraham et toute la vieille ville. Ah, j'oubliais qu'avant l'arrivée à Québec nous avons participé à une visite organisée dans un village
inuit avec leurs tentes remplies de gris-gris et de décoration kitsch... Sans faire d'amalgame cette visite nous a un peu déconcertés (n'était-ce pas ce qu'on appelle un «piège à touristes»?)
       Après quinze jours de circuit et d'accueils dans des familles québécoises où nous avons rencontré des gens très chaleureux et heureux de recevoir leurs «cousins» français et qui cultivent avec nostalgie leur origine dans une atmosphère de
zénitude, nous avons retrouvé un rythme de vie plus speed au retour, tout en gardant au cœur l'espoir de les accueillir un jour ici. En septembre dernier nous avons pu réaliser ce rêve en recevant une famille avec laquelle nous avions entretenu des liens amicaux et qui se sont émerveillés à leur tour en découvrant le pays de leurs ancêtres...

 

Marie-Françoise :

Au hasard d'un zona

       Finie la zénitude, un zona m'a zonée par surprise!
       Sa stratégie?
Cibler l'œil droit, le rendre aveugle, mais d'abord cribler crâne puis front de ses mille et mille aiguilles de verre ― Papules varicelliques ― le long de la branche ophtalmique de mon nerf trijumeau. Merci de l'info, Wiki.
       Sensible au moindre effleurement, mon visage est pis que kitsch de tâches érythémées, enanthémées, exanthémées, cuites et recuites d'Inuit. Inflammation que thym et curcuma, grigris ingurgités pour un rhume contrer, furent nuls à enrayer.
       Je ne suis ni à la fête, la vogue, la ducasse, la
kermesse. L'orbite est gonflé, œdémateux, l'oculaire rouge de l'amalgame zoviraxique pommadique trop agressif, que l'urgentiste ophtalmique me fait heureusement arrêter, à qui j'ai présenté mon front vésiculé, depuis croûté.
       J'avale aciclovir anti-viral de quatre heures en quatre heures.
― Par une démarche rationnelle il fut conçu en 1978. Bravo ! Gertrude Belle Élion, nobellisée pour ce en 1988
       J'évite de me shooter au chlorhydrate de tramadol, à effet opiacé. Peur de m'accoutumer, sait-on jamais... Me contente du paracétamol qui, lui, fut découvert des suites d'une erreur providentielle, autrement dit par sérendipité.
       Quant aux coupeurs de feu, rien qu'à les évoquer la douleur peu à peu s'est barrée. Reste la gêne, la sensibilité, hyper. Algies post-zostériennes. Essayer la levure de bière pour les nerfs à remyéliniser?
       L'année 1888 marque l'origine de la suspection du zona comme récurrence d'une varicelle endogène. Est-ce pas lui, varicella-zoster, virus VZV ou HHV-3, de la famille des herpès,
― qui n'a jamais capitulé, tapis, dormant en hôte très patient au fin fond de nos ganglions depuis notre varicelle enfantine, attendant le moment propice pour migrer le long des nerfs, atteindre la peau, à nouveau croître et multiplier sous forme de zona contagieux aux non encore varicellés, ― qui relance les épidémies plus ou moins régulières, plus ou moins saisonnières? Son seul moyen de n'être pas éradiqué. Son seul moyen d'éternité.

 

Roberte Burghard :

       Le vieux savant a rangé son laboratoire et il rentre dans son logis douillet mais un peu kitsch depuis le temps qu'il y accumule objets, photos et grigris, souvenirs de sa vie mais c'est auprès d'eux qu'il trouve l'apaisement, la zénitude qui lui est nécessaire après une longue journée de recherche.
       Il se rappelle sa joie lorsque, au cours d'une expérience où il tentait de
cibler plus précisément son étude, il avait, par sérendipité fait cette découverte qui lui avait valu les bravos de ses collègues et une gloire certaine. Quand la lassitude s'empare de lui, il souhaiterait presque être l'ermite dans sa grotte, l'inuit tapi dans son igloo, loin bien loin des raouts mondains ou des kermesses populaires aussi bien que de ces face à face avec des instruments modernes et leur wifi, leur wiki...
       Mais heureusement, après quelques heures de détente, il sera prêt à retourner à ses éprouvettes, ses
amalgames et ses microscopes, acharné à traquer le détail qui lui échappe encore.

 

Jeanne Parat :

       Au café littéraire de Luxeuil les bains
       nous avons tous intérêt à être dans l'bain
       car sans
wiki pédia
       Marie-Françoise nous tire à hue et à dia
       pour répondre aux mots croisés
       qu'elle a su bien
cibler et ficeler.

       J'ai eu plus ou moins de difficulté
       à dénicher les mots, en horizontalité et en verticalité
       car certains étaient à sous-tirer
       pour, avec aisance, nous affirmer
       de cet
amalgame de dix mots trouvés

       Certains mots sont un peu
kitch
       à tel point que le p'tit Robert et le Larousse s'en fichent
       tel est le mot
sérendipité
       que j'ai eu des difficultés à placer
       car n'ayant pas lu Grozdanovitch,
      
voilà un nom d'auteur bien riche ,
       mais seulement touché du regard
       son livre "La puissance discrète du hasard"
       Par contre, "Dans les pas de l'ours"
       que je recommande à tous
       m'a fait découvrir que les
inùpiat
       n'étaient que le pluriel de inùpia(k)
       terme dont les esquimaux se désignent au Canada
       et voir, au delà

       À chacun ses modes d'expression
       voir même, ses illusions...
       A chacun ses petits
grigris
       si cela sert à être mieux servis et mieux conduits

       Pour moi ce sera le crayon la gomme et le papier
       que je conserve chaque jour à mes côtés
       et c'est avec
zénitude
       et en toute latitude
       que je dis
bravo
       à tous ceux et à toutes celles qui essaient de porter haut
       dans les livres et les journaux
       les mots plus ou moins usités,
       parfois transformés,
       mais qui dans les
kermesses, en liesse,
       peuvent s'échapper avec finesse, souplesse, 
                                                         joliesse et politesse!

 

 

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