Le
Café Littéraire luxovien /
pour
fêter le printemps
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«Le Printemps, que je me sois soucié ou pas de le reconnaître, agitait vers moi des bras frémissants. Je l'ai ressenti dans la chaleur du soleil, sur les visages rêveurs des vendeuses, dans les bourgeons des feuilles qui se détachaient contre les fumées du Borough. Il m'était revenu, et c'est toi ... toi qui l'avait amené! Il m'était revenu, l'Éternel Retour, le Renouveau antiphonal du monde profond. Il était venu, Nance, et tous les taudis de Rotherhithe et de Wapping, et toutes les cheminées, les usines, les quais et les masures des bords du fleuve ne pouvaient arrêter la montée de la sève. Ce matin, l'air arrivait jusqu'à moi, ma chérie, comme s'il avait passé sur des lieues de vertes prairies. Vraiment! Et il me faisait palpiter avec la douceur de ton âme.» Rodmoor,
A Romance 1916
C'était une de ces soirées de printemps qui ne sont ni dorées par les rayons directs du soleil couchant, ni couleur d'opale de par leur réflexion indirecte et diffuse. Un vent froid s'était levé, couvrant le ciel d'ouest vers lequel ils [Wolf Solent et un ami] se dirigeaient, d'une épaisse couche de nuages. Le résultat de cette extinction complète du coucher de soleil fut que le monde devint un monde dans lequel tout ce qui était vert à sa surface vit quintuplé l'intensité de ce vert. On aurait dit qu'une gigantesque vague, faite d'une substance plus translucide que l'eau, s'était répandue sur toute la terre; ou plutôt c'était comme si quelque essence diaphane de toute la verdure créée par de longs jours de pluie ne s'était évaporée pendant la journée que pour retomber à l'approche du crépuscule en une froide rosée foncée émeraude. La route qu'ils suivaient ainsi, droit vers l'horizon de l'ouest menaçant de pluie, longeait le versant sud d'un plateau labouré - plateau qui s'étendait à mi-chemin entre la vallée pastorale du Dorset, que limitent les collines et les bois de High Stoy, et la vallée encore plus large du Somerset qui se fond au loin dans les marais de Sedgemoor. Wolf
Solent 1929
Le vent
était tout à fait tombé maintenant. Sur la pelouse les ombres gagnaient,
plus sombres, plus froides. Les quelques pissenlits qui avaient échappé au
jardinier s'étaient refermés et semblaient -comme ils le sont à l'heure où
le soleil est près de se coucher - abandonnés, appauvris, dépouillés de
leur gloire. Sur le tronc du cèdre un pâle éclat alternait avec des ombres
d'un noir de velours; et dans les parterres, au-dessus des jonquilles et des
jacinthes, s'élevant d'un large étang invisible derrière le pré, une
fraîcheur particulière, pas encore suffisamment palpable pour devenir
vapeur, se déplaçait lentement depuis le bord des buissons vers la maison. A
Glastonbury Romance, 1932
Pendant
quelques kilomètres, il suivit ce sentier, apercevant tout au long devant lui
des bois au feuillage léger, des grandes prairies en pente et, au-dessus, les
cimes dénudées des Downs, d'un bleu vaporeux à travers la légère brume de
mi-mai. After
My Fashion, 1919 (publié seulement en 1980) |
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[Extraits traduits par Jacqueline Peltier, mis en ligne le 28 mars 2013] |
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avec d'autres auteurs: Cette
nuit, Vert-de-cul, le crapaud de la source, a chanté, et ce matin, alors
que les murs de l'abbaye expiraient l'humidité de l'hiver en bouffées
putrides, elle a vu qu'au jardin la rondette avait fleuri. Cette date
n'est pas inscrite dans le calendrier, ou décidée par les astres, elle
change chaque année. Il faut savoir en reconnaître le tressaillement, le
premier coup de reins secouant l'apparente immobilité du paysage. C'est
le jour exact où naît le printemps. Yannick Grannec, Les simples
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