Le Café Littéraire / Quête de lumière avec Jean D'Amérique |
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L’enfance
est une blessure dont on ne peut se laver. Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre Il
y a une vingtaine d’années
une marée humaine est arrivée ici pour forcer la ville au large, pousser
la mer et en faire ligne d’habitation.
Inhabitable pourtant. Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre
On
voit sans effort une armée de débris p
artant
vers la mer dans une lente marche, une armée dont l'arme de combat est
une puanteur à défoncer les narines. Jean D ’Amérique, Soleil à coudre
Qu’ai-je
fait de ma lumière humaine ? Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre Mon
histoire, catalogue de désastres, frappe sur ma nuque. À reprendre les
couloirs de mon enfance, je récolte des débris de rêve par éclaboussure. Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre I
ci l’on
voit les averses du dénuement sur les joues, les lignes brisées des
regards, le gouffre dressé des yeux, les gueules qui se racontent au
vide, le si lointain exil du pain, d’instruction
ou de nutrition, les gorges sans soleil à l’horizon
qui rampent dans l’ombre
de la violence et deviendront des voyous pour se buter les uns les autres
(...) Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre
Je
connais ton regard, c’est
la mer qui veille sur le printemps, j’y
vois le large chaque fois que je le croise et je sens s’embraser
nos élans, à faire tomber les hautes murailles qui nous écartent. Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre Tout
est aussi vrai que faux dans ce
pays, ça
dépend de la bouche qui donne et de l’oreille
qui reçoit. Jean D ’Amérique, Soleil à coudre
Tout
ce qui subsiste de mon chant intérieur, c’est
une flopée de métaphores engluées d’images
pâles, un poème-douleur. Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre
Chaleur
qui monte, sueur qui descend, souffle qui alarme l’air,
voix qui cassent l’hésitation,
cris qui se libèrent, poings qui se lèvent, chant rebelle qui s’écrit,
pneus en flamme, pancartes qui déchirent l’espace,
slogans qui mitraillent : la rue enlace le brasier d’une
foule venue cracher son besoin de vivre. Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre
Entre
le besoin de conquérir une parcelle de vie, de voir advenir un lendemain
meilleur et l’envahissement
de la crasse, le mur des inégalités sociales dressé devant nous, entre
l’espoir
de vivre autrement et la marge qu’on
nous impose d’habiter,
l’éternel
cycle du mépris, il y a forcément un besoin de mourir. Nous sommes des
êtres en agonie Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre
En
ces moments où l’on
navigue vers la plus désolante incertitude, l’attente
est comme un grain de silence semé sur les vagues, lequel on va cueillir
à l’autre
bout du rivage en un cri inévitablement perçant, qui sera de lumière ou
de poussière, de vie ou de défaite, d’aube
ou de sang, de ciel bleu ou de nuage trop épais, d’espérance
achevée ou de néant couronné. Jean
D ’Amérique,
Soleil à coudre
Le
décor sur le fond duquel sa voix s’élève
est constamment cruel : corruptions généralisées des cadres de l’État
(des Duvalier à Jovenel), violences, liquidations et massacres (tontons m’ajoutes,
La Saline), richesses écœurantes de quelques familles, misère endémique
sur l’im-mense
majorité des autres, catastrophes naturelles, tremblements de terre
apocalyp-tiques (12 janvier 2010, sans doute 300 000 morts et autant de
blessés), services de santé en ruine, choléra, famines, sécheresses
auxquelles succèdent typhons, ouragans ou inondations, récoltes perdues,
drogues, délinquance affo-lante, gangs décrue et brigandage impunis, 6
millions de personnes sous le seuil de pauvreté… Jean
D ’Amérique,
Atelier du silence Si
j’avais
la parole Jean
D ’Amérique,
Atelier du silence
l’âme
si pâle Jean
D ’Amérique, Les
rêves se couchent nus pour habiller les tombes. Demain à honte de casser
ses coquillages. L’espoir
est bière chaude sur gueule de bois. Demain c'est la jeunesse, dit-on.
Mais silence. Les enfants meurent de faim brûlante. De cancer du cerveau
ou de cancer de l’esprit, ils meurent. Les enfants meurent tous
glacés dans le
soleil d’un
monde violent. Il
n’y
a pas de parenthèse pour la mort. Jean
D ’Amérique, qui
a dit Jean
D ’Amérique,
Ce
qu’on regarde au
fond de ce grand bâtiment aux dentelles barbelées, immense édifice de
silence humain où sont attachés des vigiles serrés sur la gâchette, ce
qu’on
regarde se démêler dans la marche sauvage des machines, ces corps qui se confondent au mouvement invariable des pédales, ce n’est pas un clin d’œil à la transe mais l’usine qui se régale... Jean
D ’Amérique,
Lecture
rencontre avec Jean D'Amérique mardi 16 novembre 2021 à
18h30 Les
Petites fugues, Festival de littérature itinérante / Agence Livre et Lecture de
Bourgogne-Franche-Comté / Le Café littéraire
luxovien - ACSL / La Bibliothèque municipale de Luxeuil
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