La venue du soir cachait tout. Les ballons devenaient blancs, de
la couleur des fantômes. Mais les fantômes existaient-ils ?
On aurait dit que le jardin avait grandi. On entendit dans le ciel
le grondement d’un moteur. Tout le monde leva la tête, mais
l’avion, cette fois, restait invisible. Les pieds de la table et
ceux de la chaise disparaissaient comme s’ils avaient fondu dans
l’air. Et les guêpes aussi étaient invisibles ; elles
vous tournaient autour en cherchant les endroits sur la peau ;
elles s’introduisaient dans les fleurs ; les chats qui
n’avaient pas mangé venaient se frotter à vos chevilles. Les
épines piquaient, les murs cognaient, les chats avaient faim.
Dominique
Barbéris, L’heure exquise.
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Les
Casatum, orchidées d'Amérique du Sud, offrent aux insectes qui
les visitent des substances odorantes dont ils s'imprègnent les poils des
pattes. Ces gouttelettes à forte odeur de menthe sont stockées dans une
vésicule prévue à cet effet. Seuls les mâles effectuent ces
prélèvements. Puis, revenus sur leurs territoires, ils le marquent en
réémettant le parfum par mouvement vibratoire des ailes qui simule
l'action d'un vaporisateur. Le territoire ainsi marqué est prêt pour les
parades nuptiales. Ici l'orchidée offre à l'insecte un parfum qui lui
permettra d'attirer et de séduire sa femelle. Ce que fit l'homme aussi,
lorsqu'il survint beaucoup plus tard dans l'histoire de la vie, croyant
inventer un stratagème que cet insecte connaissait bien avant lui. Éternelle
stratégie de la séduction, qui emprunte à la fleur ces arguments
souvent décisifs que sont les parfums.
Jean-Marie
Pelt, Les plantes.
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Dès
que la pollinisation a eu lieu, la fête est finie. La fleur se fripe,
perd ses couleurs, son odeur, sa fraîcheur. Le labelle fane et la fleur
disparaît entièrement dans la végétation environnante. La nature cesse
ses campagnes publicitaires et enlève ses panneaux dès que leur objectif
est atteint; les vieilles affiches ne souillent pas indéfiniment le
paysage après que le spectacle a eu lieu! C'est d'ailleurs cette
précipitation à défleurir qui explique pourquoi les éleveurs
d'orchidées redoutent autant la présence d'insectes dans leurs serres.
Car la fleur ne conserve sa beauté qu'autant qu'elle n'est pas
fécondée. Aussitôt après, elle flétrit.
Jean-Marie Pelt, Les plantes. |
Quand
ce fut impossible pour elle de consommer plus de fraises, il lui
en remplit son petit panier; puis tous deux s'en allèrent aux
rosiers où il cueillit des fleurs qu'il lui fit mettre à son
corsage. Elle obéissait comme dans un rêve et, lorsqu'elle n'en
put fixer d'autres il lui en attacha lui-même un ou deux boutons
à son chapeau et en entassa dans son panier avec une prodigalité
généreuse.
Thomas
Hardy, Tess d'Urberville.
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Le
jour commençait à se faire. Nous sortîmes du bal, nous tenant par la
main. Les fleurs de la chevelure de Sylvie se penchaient dans ses cheveux
dénoués; le bouquet de son corsage s'effeuillait aussi sur les dentelles
fripées, savant ouvrage de sa main. Je lui offrit de l'accompagner chez
elle. Il faisait grand jour, mais le temps était sombre. La Thève
bruissait à notre gauche, laissant à ses coudes des remous d'eau
stagnante où s'épanouissaient les nénuphars jaunes et blancs, où
éclatait comme des pâquerettes la frêle broderie des étoiles d'eau.
Les plaines étaient couvertes de javelles et de meules de foin, dont
l'odeur me portait à la tête sans m'enivrer, comme faisait autrefois la
fraîche senteur des bois et des halliers d'épines fleuries.
Gérard de Nerval, Sylvie
(Les filles du feu).
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Alors
elle s'aperçut du spectacle qu'elle offrait à leurs yeux surpris: roses
à son corsage, roses à son chapeau, fraises et roses emplissant son
panier jusqu'au bord. Elle rougit et dit confusément que les fleurs lui
avaient été données. Pendant que les voyageurs ne l'observaient pas,
elle enleva furtivement de son chapeau celles qui étaient le plus en vue,
les mit dans le panier et les couvrit de son mouchoir. Puis elle retomba
dans ses réflexions et, baissant la tête, elle se piqua le menton avec
l'épine de la rose qui restait à son corsage. Comme tous les habitants
du val de Blackmoor, Tess était imprégnée d'imaginations et de
superstitions prémonitoires; elle songea que c'était un mauvais
présage, le premier qu'elle eût remarqué ce jour-là.
Thomas Hardy, Tess
d'Urberville.
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Elle
suivait le soleil avec sa chaise longue de paille, dans le jardin
aux fleurs avant le déjeuner et l'après-midi dans le potager
contre le mur, chaud jusqu'au soir. Derrière l'immense laurier de
cuisine chantaient les poules, en signe printanier des premières
pontes. Un lézard s'approchait sur les marches. Elle ne gênait
pas non plus l'oiseau qui tapissait de terre un trou du mur pour
arrondir l'entrée de son nid. Chaque jour de nouvelles
créations, fleurs sauvages, musaraignes, papillons jaunes, la
laissaient avancer. Il y avait des pervenches près des arrosoirs.
L'été viendrait. Entre toutes les plantes pleines de sèves et
d'odeurs, au contact de la terre attiédie, elle s'était
enracinée.
Jean-Loup
Trassard, L'ancolie.
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Tu
dis que tu t'es levé pour partir, mais que tu n'as pu t'empêcher
de te retourner pour lui jeter un regard et que tu as vu alors ses
deux joues et une fleur rouge de camélia piquée sur sa tempe. La
pointe de ses sourcils et le coin de ses lèvres brillaient comme
des éclairs, illuminant soudain le vallon sombre. Ton coeur s'est
enflammé. Tu as tout de suite compris que tu avais rencontré une
femme au camélia. Elle était assise là, bien vivante, et sa
poitrine tendait sa chemise de lin bleu clair. Elle tenait au bras
un panier de bambou, fermé par une serviette brodée toute neuve.
Aux pieds, elle portait une paire de chaussures, neuves aussi, de
toile bleue à fleurs. Elle se détachait comme un papier
découpé sur une fenêtre.
Approche-toi! Elle te fait signe. Gao
Xingjiang, La Montagne de l'Âme.
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La
fleur n'en finissait pas de se préparer à être belle, à l'abri
de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle
s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle
ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne
voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté.
Antoine
de Saint-Exupéry, Le Petit Prince. |
Mais
qui avait eu l'idée de comparer les femmes à des roses? Il
semblait qu'on avait fait cette comparaison depuis toujours.
Pourquoi était-ce au juste? Parce qu'elles s'abîment? Parce
qu'elles se fanent? Parce qu'elles piquent?
Dominique
Barbéris, La Ville.
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...et
pourtant ce parfum d'aubépine qui butine le long de la haie où
les églantiers le remplaceront bientôt, un bruit de pas sans
écho sur le gravier d'une allée, une bulle formée contre une
plante aquatique par l'eau de la rivière et qui crève aussitôt,
mon exaltation les a portés et a réussi à leur faire traverser
tant d'années successives, tandis qu'alentour les chemins se sont
effacés et que sont morts ceux qui les frôlèrent et le souvenir
de ceux qui les foulèrent. Parfois ce morceau de paysage amené
ainsi jusqu'à aujourd'hui se détache si isolé de tout, qu'il
flotte incertain dans ma pensée comme une Délos fleurie, sans
que je puisse dire de quel pays, de quel temps -- peut-être tout
simplement de quel rêve -- il vient.
Marcel
Proust, Du côté de chez Swann.
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Là-haut
(on dit "là-haut" quand on vient du Valais, mais quand on vient
d'Anzeindaz on dit "là en bas" ou "là au fond"), la
neige, en se retirant, faisait de gros bourrelets; ils découvraient sur
leurs bords, dans l'humidité noire que l'herbe recouvrait mal d'une espèce
de feutre terne, toute espèce de petites fleurs des montagnes qui
s'ouvraient à l'extrême limite d'une frange de glace plus mince que du
verre à vitre. Toute espèce de petites fleurs de la montagne avec leur
extraordinaire éclat, leur extraordinaire pureté, leurs extraordinaires
couleurs: plus blanches que la neige, plus bleues que le ciel, ou orange
vif, ou violettes: les crocus, les anémones, les primevères des
pharmaciens. Elles faisaient de loin, entre les taches grises de la neige
qui allaient se rétrécissant, des taches éclatantes. Comme sur un
foulard de soie, un de ces foulards que les filles achètent en ville,
quand elles y descendent pour la foire, à la Saint-Pierre ou à la
Saint-Joseph. Puis c'est le fond même de l'étoffe qui change; le gris et
le blanc s'en allaient; le vert éclatait de partout: c'est la sève qui
repart, c'est l'herbe qui se montre à nouveau; c'est comme si le peintre
avait d'abord laissé tomber de son pinceau des gouttes de couleur verte,
puis elles se rejoignaient.
Charles-Ferdinand
Ramuz, Derborence
C'était
une nuit chaude et étouffante. À chaque mouvement on ruisselait de
sueur. Les rais de lumière des lampes à pétrole qui tombaient dans la
cour coulaient comme une buée sale le long des troncs d'arbres. (...) Il
y avait là une fenêtre qui donnait sur la cour voisine. Il s'y accouda.
(...)
Toutes
les fleurs du monde embaumaient en même temps, comme si la terre, inanimée
pendant la journée, avait été rappelée à la conscience par tous ces
parfums. Montant du jardin séculaire de la comtesse encombré de chablis
au point d'être impraticable, flottait à la hauteur des arbres l'odeur,
large comme le mur d'une grande maison et poussiéreuse comme un taudis,
d'un vieux tilleul qui refleurissait. À droite, au-delà de la
palissade,des cris résonnaient dans la rue. Un permissionnaire chahutait,
une porte claquait, des bribes de chansons battaient de l'aile. (...)
En bas,
sous la fenêtre, dans la cour, à l'odeur des belles-de-nuit se mêlait
l'arôme, fort comme celui de la fleur de thé, du foin fraîchement coupé.
(...)
À
l'entour, tout fermentait, poussait et montait en graine. Partout on
sentait le levain magique de l'existence. La joie de vivre, vent paisible,
courait comme une large vague, sans savoir où, par la ville et par les
champs, par-dessus murs et palissades, à travers les corps des arbres et
des hommes, faisant tout trembler sur son passage. Pour échapper à ce déferlement,
le docteur alla écouter ce que disaient les gens rassemblés au meeting
de la place d'Armes.
Boris
Pasternak, Le docteur Jivago
Toujours
pousse le lilas vivace une génération après que la porte, le linteau et
le seuil ont disparu, ouvrant ses fleurs parfumées au retour du
printemps, pour s'offrir à la main du passant rêveur; planté et soigné
jadis par des mains d'enfants, dans les plates-bandes de la cour de
devant, ―
aujourd'hui debout contre des pans de mur dans des pâturages écartés,
et cédant la place à des forêts naissantes; ―
le dernier de cette race, seul survivant de cette famille. Guère ne
pensaient les petits moricauds que la chétive bouture à deux yeux
seulement, qu'ils piquèrent dans le sol à l'ombre de la maison et
quotidiennement arrosèrent, prendrait de telles racines, et leur
survivrait, ainsi qu'à la maison elle-même, dans l'arrière cour qui
l'abritait, comme au jardin et au verger de l'homme adulte, pour raconter
vaguement leur histoire au passant solitaire un demi-siècle après qu'ils
seraient devenus adultes et seraient morts, ―
fleurissant aussi loyalement, sentant aussi bon, qu'en ce premier
printemps. Je remarque ses couleurs encore tendres, civilisées, riantes,
ses couleurs lilas.
Henry
David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois
L'intérieur
était bien plus sombre que dans le café. Le mur opposé à l'entrée
semblait noir, mais bientôt Henri s'aperçut qu'il était en réalité
d'un bleu nuit auquel ne manquait qu'une voie lactée d'étoiles
scintillantes. Ici et là, un foisonnement de bocaux de toutes tailles et
de toutes formes, pittoresque, accueillait des fleurs et des feuilles séchées,
sans doute prélevées sur les tiges du champ à l'envers qui semblait
pousser au plafond, tant les bouquets suspendus y étaient nombreux, étroitement
serrés. Une odeur suave, et âcre, tenait solidement la pièce. «Alors,
comme ça tu t'es faite herboriste», déclara, plus qu'il ne demanda,
Henri, en fixant les larges poutres noires. Il ne l'avait toujours pas dévisagée,
tout juste avait-il deviné la couleur de sa robe de travail. «C'est un
moyen pour vivre le moins péniblement possible.»
Sa réponse, à ce point emplie de sous-entendus, devait
logiquement obliger Henri à relancer le questionnement. Lequel lui parut
prématuré, alors que la porte n'avait pas encore été sur eux refermée.
Mais le devait-elle, le pouvait-elle, alors que l'atmosphère dégageait
cette électricité bondissante, relancée par le moindre geste, le
moindre souffle ? Ce fut elle qui poursuivit: «J'en cultive la plupart
dans le champ derrière la maison. J'en cueille de sauvages, aussi. Sur l'île
où ailleurs. C'était la maison de ma grand-tante. À sa mort, la bâtisse
a été abandonnée... Alors, je suis venue m'installer ici, poursuivre
son travail, reprendre les cultures et la cueillette, continuer à fournir
les pharmacies de la ville. Veux-tu une infusion, justement ? Et veux-tu
que je plonge tes fleurs dans l'eau ?
Sophie
Van der Linden, De terre et de mer
LES
PRIMEVÈRES
Derrière
la barrière de clôture longée de troènes se sont succédé des voisins
locataires d'une maison préfabriquée.
Jusqu'à
ces dernières années aucune plantation n'y avait été entreprise. Sauf
du potager.
En général
avec enthousiasme, comme nous-mêmes, les premiers temps d'occupation.
Délaissé
peu à peu devant l'ingratitude de la terre argileuse, l'ombre portée de
la forêt qui masque le soleil jusqu'à presque midi gardant la terre
froide, le courant d'air aussi qui la balaye entre maisons et lisière.
Enfin,
abandonné pour laisser place d'abord à de la pelouse, se transformant en
herbe de plus en plus mêlée de mousse et autres piloselles, ainsi qu'à
quelques fleurs d'agrément: roses trémières, hémérocalles, primevères.
Or, les
primevères sont plantes voyageuses.
Repiquées
ou semées par l'un de ces voisins, elles ont parcouru les quelques mètres
de leur pelouse, franchi la barrière et se sont coulées sous la haie de
troènes que je les ai, il faut le dire, un peu aidées à traverser.
Ce pas
franchi, elles ont migré, violacées, pourpres et jaune clair jusque
derrière notre maison, toujours vers l'est, obstinément. Elles cherchent
les soleil levant. Arrivent vers le verger.
On en
voit tout l'hiver fleurir l'une ou l'autre.
Attardée
ou précoce ?
Aujourd'hui,
leurs coussins ont envahi toute la plate-bande, la disputent aux
fraisiers, des violets bleutés, des mauves très clairs, un rouge orange,
plus de jaunes pâles, ils ont viré au blanc.
Primevères
: jeunesse, porte-bonheur
Marie-Françoise,
Au jardin d'Alba
Ce fut un
peu plus loin, au bord du chemin, qu'il vit apparaître la première
jonquille. Elle avait percé sur un lit de feuilles mortes et semblait un
phare sur des terres brunes. Tuan fut saisi par la clarté de cette
apparition: sa silhouette était gracieuse, sa carnation diaphane; sa tige
vert tendre se confondait avec ses feuilles naissantes; son fin bourgeon
était penché vers le sol et ouvrait un pétale qui avait la légèreté
d'une aile dorée. À côté d'elle, il vit une deuxième fleur, puis de
nombreuses pousses vertes entre les racines des hêtres et les mûriers
rampants; certaines avaient fleuri: elles portaient une couronne jaune
vif, entourée de pétales d'une teinte plus claire, et poussaient par
bouquets de deux ou trois, ou parfois solitaires ―
c'était pour lui l'image même de la beauté printanière.
Le mot
"jonquille" se présenta à ses yeux, sonnant avec douceur à
l'oreille. Considérant les syllabes de ce nom, il se dit que chaque
lettre avait dû être dessinée par un pinceau céleste pour refléter la
fleur elle-même ―
le j avait la droiture souple d'une tige qui s'élevait dans l'air,
le o s'enroulait avec la perfection d'un bracelet de jade. Le n
disait la vitalité de la naissance, le q dessinait la rondeur du
bulbe et de ses racines s'enfonçant dans la terre. Le u était la
couronne intérieure de la fleur, le i suggérait la vivacité du
jaune citron. Les deux l avaient la fluidité limpide de la sève,
le e était le jaune plus clair des pétales. Le mot était à
l'image de la chose qui se trouvait sous ses yeux.
Hoai
Huong Nguyen, Sous le ciel qui brûle
Quand
elles [les métisses] chantaient de leur voix grêle, nous évoquions
d'autres paysages: le bruissement des grandes feuilles, les cascades étincelantes,
parmi les arbustes et les fleurs blanches du cactus, la pluie lourde qui
s'abat sur les champs de canne à sucre; les vallées où flamboie la
fleur du pisonaye, pleine de fourmis rouges et d'insectes voraces:
Ah! « pique-fleurs », ailes d'émeraude,
ne troue pas tant cette fleur,
Ne
sois pas cruel, descends au bord de la rivière, ailes d'émeraude,
Et
regarde-moi pleurer près de l'eau rouge, regarde-moi pleurer.
Descends
et vois, « pique-fleurs » doré, toute ma tristesse,
De
fleur des champs blessée, de fleur des rivières,
Que
tu as abandonnée.
José
Maria Arguedas, Les fleuves profonds
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