L'Homme de Neige, Conte, d'après Andersen

 

L’Homme de Neige était né un matin en hiver. Des enfants l’avaient construit. Deux morceaux de charbon étaient ses yeux. Les dents d’un vieux râteau, sa bouche, dans laquelle ils avaient placé une grosse pipe. 
Dans le ciel l’Homme de Neige voyait la grosse boule brillante du soleil. Le soir elle disparut en bas de l’horizon pour laisser place de l’autre côté à une autre boule, lumineuse aussi, mais plus pâle et moins dangereuse pour lui : la lune.
Le lendemain le temps était encore plus froid. Tous les arbres étaient recouverts d’un givre étincelant, la terre entière semblait recouverte de diamants, c’était un spectacle magnifique.  


Ce que l’Homme de Neige aimait le plus au monde c’était le froid.

Pourtant il aurait bien aimé tout de même pouvoir se déplacer comme la lune et le soleil, comme le chien, comme les jeunes gens qui vinrent l’admirer, il aurait aimé aussi faire des glissades comme les enfants.
À l’intérieur de la maison, en regardant à travers les fenêtres, il voyait le poêle. Il aurait aimé pouvoir s’approcher du poêle aux belles flammes vives. Il aurait aimé faire sa connaissance, s’appuyer contre lui.           

   

    

 


Dessin de Milène, 21 janvier 2004.

 

Le chien était vieux et vivait dehors dans une niche. Il était puni d’avoir mordu un enfant qui le taquinait. Mais autrefois, le chien avait habité dans la maison et connaissait bien le poêle et sa chaleur. Alors il expliquait à l’Homme de Neige qu’il ne pourrait jamais s’approcher du poêle, et que c’était heureux, car s’il le pouvait, seulement à petite distance, il serait complètement perdu.
Le soir tomba, le vieux chien sentit à ses rhumatismes que le temps allait changer. Le lendemain, le dégel était là. La neige disparut peu à peu. L’homme de neige maigrit. Le surlendemain il continua à fondre, s’écroula.
Quand il fut complètement fondu,  par terre, on vit plus que les deux morceaux de charbon, la pipe, les dents du râteau et un manche à balais surmonté d’un tisonnier dont les enfants s’étaient servi pour faire leur Homme de Neige.
« C’est à cause de ce tisonnier qu’il était attiré par le poêle ! », pensa le chien.
Après le dégel vint le printemps. Et plus personne ne pensa à l’Homme de Neige.


  goûterlivres