Grain-d'Aile,
Conte, d'après Paul Éluard
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Il était une fois une petite fille très gentille et si légère que sa maman l'avait appelée : Grain-d'Aile. Si légère que lorsqu'elle sautait, elle se retrouvait en haut des arbres et pouvait se poser sur leurs branches les plus fines sans les casser, comme un oiseau. En revenant de l'école elle montait au sommet du sapin, devant sa maison, écoutait les oiseaux en mangeant son goûter. Elle comprenait leurs histoires et leurs chants. Ils étaient ses amis. Mais elle enviait leurs ailes. La nuit elle rêvait qu'elle volait. Par-dessus sa maison, par-dessus le clocher de la ville, et bien plus loin encore.
Mais le lendemain elle eut faim. Comme elle ne pouvait picorer comme les oiseaux elle rentra dans sa maison par la fenêtre ouverte. Lorsqu'elle voulut embrasser sa maman, elle ne pouvait plus la serrer dans ses bras, elle ne pouvait plus non plus tenir sa cuillère pour manger, ni porter son cartable, ni écrire à l'école, ni habiller sa poupée, ni donner la main à son petit camarade Pierre. Alors elle retourna se poser dans le grand sapin. L'écureuil l'attendait qui savait qu'elle regrettait ses bras. Il les lui rendit en prononçant à nouveau la formule magique. Grain-d'Aile fut toute heureuse de retrouver ses bras, autant que la veille elle l'avait été, d'avoir des ailes. Ah ! Si seulement tous les petits garçons et toutes les petites filles pouvaient en restant eux-mêmes avoir des bras et des ailes pour être à la fois sur la terre et au ciel. |
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