Rencontre avec Anne Delaflotte Mehdevi

par Marie-Françoise:

      L'auteur qui grandit près de Saint-Sauveur en Puisaye vit actuellement à Manosque. Elle est revenue en France depuis quatre ans après avoir vécu dix huit années à Prague pour suivre l'élu de son cœur et fonder une famille, délaissant les études de droit international et diplomatique dans lesquelles elle s'était lancée. Peut-être est-ce à cause de cette expérience du déracinement et du voyage que les personnages de ses romans sont attachés à trouver un lieu pour vivre, "un lieu pour être soi, chez soi"?

      Dans ses fictions, Anne instille beaucoup, de manière revisitée bien sûr, de son expérience de vie en milieu rural et petit artisan, de ce que lui ont révélé les siens et son entourage, de son expérience de la musique et du chant lyrique qu'elle a pratiqué, de la reliure aussi. À Prague elle a appris et exercé ce métier de relieur et dès que cela lui sera possible, parallèlement à l'écriture, le reprendra en France, elle possède tout le matériel nécessaire.

      Les romans d'Anne Delaflotte Mehdevi sont très préparés, elle réfléchit longuement à ce qu'elle veut y mettre, aux lieux où elle veut placer ses personnages, à ce qu'elle veut leur faire vivre, sans sembler se laisser mener par eux en cours d'écriture comme cela est souvent le cas pour beaucoup d'auteurs qui confient devoir s'effacer devant leurs personnages, les laisser évoluer à leur guise une fois campés. Anne, elle, sait où elle veut les mener.

      Après quatre romans à son actif parus aux éditions Gaïa: "La relieuse du gué", "Sanderling", "Fugue" et "Le Portefeuille rouge", dont les intrigues se situent dans notre monde contemporain, l'auteur a décidé de faire évoluer le prochain dans le Prague d'autrefois. Celui des suites des guerres hussites, où les corps étaient mis à mal, par la torture, par les épidémies de peste… Sans pour autant que la fin en soit négative. Il y a en effet toujours chez les personnages d'Anne une façon de se transcender à cause de ce qu'ils vivent, de ceux qu'ils rencontrent. Nul doute, d'après ce qu'elle nous en a dévoilé, que ce roman-là sera aussi captivant que le sont les précédents. Mais il reste à écrire et ce roman-là lui demande beaucoup plus de travail que les précédents, confie-t-elle.

      Si dans la vie, Anne a choisi de relier les livres, dans ses livres, elle relie les hommes, met l'accent sur les liens de voisinage, d'amitié, d'entre aide, de solidarité nécessaire dans les situations d'urgence. Comme dans les temps que nous vivons actuellement ne peut-elle s'empêcher de penser… rejointe en cela par les lecteurs présents qui avaient bravé le premier grand gel de l'hiver pour participer à cette rencontre littéraire.