Le Café Littéraire luxovien/Lectures Prix Chronos Depuis sa création en 1996, le Prix Chronos s'attache à faire réfléchir les jurés, et en particulier les jeunes jurés, sur le parcours de vie et la valeur de tous les temps de la vie, les souvenirs, les relations entre les générations, la vieillesse et la mort, les secrets de famille ainsi que la transmission des savoirs. Le but est de mieux se connaître entre générations pour mieux vivre ensemble. Les lecteurs du Café littéraire luxovien et de la Bibliothèque municipale de Luxeuil participent à ce prix en lisant les ouvrages en lice dans la catégorie classes de 3ème et 4ème proposés aux élèves de la classe de 1ère ASSP (Accompagnement Services et Soins à la Personne) du Lycée Lumière de Luxeuil par leur professeur et documentaliste, élèves avec lesquels ils échangent lors de rencontres intergénérationnelles.
Prix Chronos 2021 Trois beaux romans en lice pour l'année 2021 dans la catégorie classes de 3ème et 4ème, qu'il sera difficile de départager... ― Deux fleurs en hiver , de Delphine PESSIN (éd. Didier Jeunesse 2020) =>Obtient le Prix Chronos 2021 ― Mes copains, mon grand-père et moi , d'Alyssa HOLLINGSWORTH(éd. Pocket Jeunesse 2019) =>Meilleur choix des personnes âgées ― Le trésor de Sunthy , d'Arnaud FRIEDMANN (Lucca éditions 2019) =>Meilleur choix des accompagnateurs
Deux fleurs en hiver, de Delphine Pessin (éd. Didier jeunesse 2020)
Lettres de Capucine, l'héroïne du roman aux lectrices du Café littéraire luxovien (par les élèves de 1ère ASSP du lycée Lumière de Luxeuil):
Mes copains, mon grand-père et moi, de Alyssa Hollingsworth (éd. PKJ 2019)
Alors que le Baba s’absente un instant, on vole le rubab dans
les bras de Sami. C’est la catastrophe pour le grand-père car cet
instrument ancestral était très cher à son cœur. Cette belle histoire nous emmène dans l’amitié, la solidarité et l’amour de la famille. Elle nous montre aussi le triste sort des réfugiés, ce qu’ils ont subi et leur désarroi en arrivant dans un pays d'une autre culture.
lecture par Marie Holder : Sami et son grand-père Baba sont des réfugiés afghans. Ils vivent aujourd'hui aux Etats-Unis où l'asile leur a été accordé. Ils ont fui l'Afghanistan, après un attentat qui a décimé leur famille. Ils sont tout l'un pour l'autre. Ils se comprennent sans paroles, évoquent le moins possible leur passé douloureux. Les échanges et les émotions entre eux passent par le silence.
Ils ont tout perdu, sauf un rubab,
une sorte de luth, un instrument de musique traditionnel afghan
dont ils jouent maintenant dans le métro de Boston.
(voir dessin) L'idée
du troc et du fichier d'échanges est un procédé
astucieux pour rythmer le récit, nous faire progresser nous
aussi. C'est un fil
conducteur tout au long du roman. Le récit se déroule en deux parties à peu près égales : 1-
Sami, comme tous les jeunes de son âge, aime le sport, la compétition,la
musique. C'est un adolescent courageux, sensible, débrouillard,
loyal. 2- « Eh
bien, Sami, quelle est ton histoire ? »Sami alors accepte
de raconter à un adulte de confiance : les détails de la tragédie dont
Baba et lui sont les survivants, le traumatisme, la peur et l'insécurité,
les souffrances de l'errance, mais
aussi les douceurs de la vie perdue. : « Ma mor jani
disait... » Les
mots en pachto et en arabe ne sont pas choisis au hasard. Ce sont ceux
de tous les jours, de bienveillance et d'affection. Mère chérie, père
chéri, et toi mon enfant,
le « zama da zra armana », le trésor de mon cœur...
etc. (voir glossaire). C'est
un roman facile à lire : il dit a avec des mots simples, des
phrases simples et avec délicatesse la pudeur des sentiments,
le chagrin du deuil et de l'exil,
la fragilité de la mémoire :
« Les bracelets à ses poignets étaient-ils rouge et
doré ou... ? », les difficultés de changer de monde et de
culture, les troubles
post-traumatiques, mais
aussi la résilience possible au bout du parcours, quand le passé n'est
pas oublié mais ne peut plus vous briser. Le
récit est inspiré de faits réels racontés à l'auteur par des
proches. « Que voulez-vous que l'on retienne de l'Afghanistan,
leur a-t-elle demandé ? »
Ce
livre conte l'arrivée de Sami, jeune afghan de 12 ans, à Boston avec
son grand-père Baba après un périple de 3 ans, suite à l'attentat
qui a coûté la vie à ses parents et à une grande partie de sa
famille en Afghanistan. Il avait 8 ans, c'était au cours du mariage
d'un de ses cousins; un kamikaze a perpétré cet attentat pendant que
Sami était sorti avec Baba ! Ils se retrouvent seuls survivants, son
grand-père le cache et ils fuient ensemble les talibans, d'abord en Iran
puis en Grèce et en Turquie où ils restent 3 ans à préparer leur
passage en Amérique grâce l'aide d'un oncle et d'une ONG. Le
roman commence avec l'arrivée de Sami et Baba à Boston où Sami va à
l'école et son grand-père, artiste célèbre dans son pays, joue du rubab
dans les couloirs du métro... c'est tout ce qu'ils ont pu emporter. Cet
instrument de musique typique d'Afghanistan est leur seul bien! leur
seul lien avec la vie d'avant ! Un jour Sami joue à la place de Baba et,
emporté par le
son du rubab, il est en pleine mélancolie lorsqu'un voyou lui
arrache son instrument! Sami est malheureux de ce vol et s'en veut à
cause de son grand-père qui dépérit! Pour
récupérer cet instrument de musique Sami va vivre une aventure qui
l'amènera à connaître l'amitié de Dan qui l'intégrera à son équipe
de foot et l'aidera à trouver l'argent pour racheter son rubab
en faisant des échanges à partir de son porte-clé de Manchester
United que lui avait offert son Baba... Cela durera tout le mois de
Ramadan, que lui et son grand-père pratiquent. En allant à la mosquée
son grand-père rencontre des personnes avec qui il peut parler et
reprendre goût à la vie. Le dernier jour du ramadan c'est la fête et
ils ont pour coutume de s'offrir des cadeaux. Après une dernière
péripétie et sur le point de racheter le rubab, Sami rencontre
une dame du même pays, réfugiée, elle aussi, qui lui offre l'instrument
qu'il peut enfin offrir à son grand-père! Ce
roman, bien qu'écrit pour la jeunesse, m'a beaucoup touchée. Il est
riche en émotions qui relatent la vie des réfugiés (c'est un sujet
actuel) les traumatismes engendrés par les guerres, mais aussi les
particularités de la culture afghane, leur sens de l'hospitalité et
une force de résilience grâce à la sagesse du grand-père, ainsi que
l'amitié et l'espoir!
Beau
roman destiné à la jeunesse, qui en cette triste fin d'octobre 2020
marquée par de nouveaux attentats terroristes, met le doigt sur le désir
de s'intégrer dans leur nouveau pays (ici Boston aux Etats-Unis),
d'immigrants Afghans de religion musulmane. Sami,
le jeune narrateur de douze ans, et son grand-père Baba ont fui leur
pays après la perte dramatique, de ses parents pour l'un, de son fils
et de sa bru pour l'autre, au cours d'une fête de mariage attaquée
par des talibans. Leur
parcours et ce drame ne sont dévoilés que peu à peu au lecteur, car
les souvenirs de Sami surgissent à différents moments de son
cheminement présent. Le
rubab, instrument de musique traditionnel précieux, l'un des seuls
objets qu'ils avaient pu emporter et dont jouait dans le métro le
grand-père musicien, ce qui leur permettait de vivre d'oboles, a été
volé et se retrouve en vente sur Internet... Sans biens autres qu'un
porte-clés, Sami espère grâce à différents trocs successifs réunir
suffisamment d'argent pour le racheter. Ce faisant, divers
rebondissements tiennent en haleine le lecteur. Ce cheminement se révélera
l'occasion pour Sami et son grand-père de se faire de véritables amis. Cette
histoire, qui se passe à notre époque avec ses moyens modernes de
communication, que possèdent tous les jeunes d'aujourd'hui, même Sami
(téléphones mobiles, etc.), de style facilement lisible, renseigne peu
à peu sur les us et coutumes musulmanes, sur le ramadan. Quelques mots
du vocabulaire et formules de leur langue pachtou y sont régulièrement
glissés, qu'un glossaire simple et clair en fin d'ouvrage explicite
davantage. Ce
petit roman tout simple sur l'intégration est une belle leçon de débrouillardise,
de détermination, de tolérance et d'amitié. Lettre de Sami, le héros du roman à une lectrice du Café littéraire luxovien (par les élèves de 1ère ASSP du lycée Lumière de Luxeuil):
Le
trésor de Sunthy, d'Arnaud Friedmann
(Lucca éditions
2019)
Parce
qu'elle a noué avec son grand-père une relation particulière
d'affection, de confiance et de complicité, c'est lui, le grand-père,
qui va confier à sa petite-fille ce
qu'il n'a jamais dit à
personne de son passé. Garance
avec ses parents mis dans la confidence, entreprend alors un voyage au
Cambodge pour enquêter sur ce passé. Alors que sa mère, en bonne
touriste disciplinée, suit scrupuleusement le guide de ce qu'il faut
avoir vu et « fait » ; logique, rationnelle, « intello »,
elle a explications sur tout
( elle est psy
―
petite
pique?); sa fille, plus sensible,
découvre avec émotion le pays natal de son grand-père.
Elle devient Garance-Phaneth, « celle qui découvre l'âme
des êtres et des choses », et sa véritable identité. Et
l'amour vrai en même temps. Ce
roman est un roman de la
transmission, transmission de la mémoire d'une génération à l'autre,
avec les ingrédients du romanesque: une saga familiale, un mystère,
une enquête, un trésor à découvrir. Le trésor découvert
par Garance-Phanet est celui de la richesse de sa double culture.
Mais
c'est aussi plus largement une interrogation, celle de l'auteur ―
écrivain et historien en même temps ―
sur la meilleure façon de transmettre la mémoire du passé, et
pas seulement à des jeunes. Garance
a retrouvé le témoignage laissé
autrefois par son grand-père à un étudiant
d'histoire. Mais elle sait qu'un témoignage seul, à un moment
donné, dans un contexte précis, n'est
pas toute l'histoire. Elle dit « Je », bien consciente d'être
elle-même une source à son tour. Elle s'interroge et comprend
le travail et les méthodes de l'historien. (Allusion pour mémoire
à l'historien Marc Bloc, pour son travail d'historien, mais
aussi pour l'exemple de sa vie.) L'auteur,
Arnaud Friedmann lui-même transmet à son tour par le biais de la
fiction. Il a été autrefois, en vrai, cet
étudiant d'histoire qui a transcrit pour rédiger son mémoire
d'histoire des témoignages de réfugiés cambodgiens recueillis
par d'autres. Faut-il
« se méfier des certitudes de notre propre mémoire,
des faux souvenirs qu'on s'invente »?
Lettres de Garance, l'héroïne du roman aux lectrices du Café littéraire luxovien (par les élèves de 1ère ASSP du lycée Lumière de Luxeuil):
Impression générale par Roberte Burghard : J’ai
fini de lire les trois livres du prix Chronos et j’y ai pris beaucoup de
plaisir. Chacun d’eux m’a intéressée pour des raisons différentes.
Émotion pour «Deux fleurs en hiver », intérêt historique en plus pour
«Le trésor de Sunthy » et «Mes copains mon grand grand-père et moi »
même si le système des trocs fait un peu artificiel dans ce dernier.
À
la suite de ces lectures les élèves ont réalisé des triptyques colorés, Sylvie
Denonelle, professeur de Sciences Médico-Sociales
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