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Je
me sentais proche de "Sylvain et Sylvette", des enfants comme
moi.
Ils se comportaient comme s’ils étaient deux
grandes personnes, ils étaient sages comme je l’étais moi-même, et
avisés comme je ne l’étais pas encore.
Ils avaient le visage bon et rond que leur avait
donné Maurice Cuvellier en 1941.
Ils étaient habillés simplement, en petits
campagnards. Lui, portait toujours sur la tête son bonnet de nuit bleu à
pompon, elle, un fichu rouge à pois blancs, des bas rayés, ils étaient
chaussés de sabots de bois jaune.
Seuls dans la montagne ils habitaient dans une
grotte, l’aménageaient peu à peu de façon très rustique.
Ils n’avaient d’autres désirs que de vivre
en harmonie et en paix, dans la nature, en autarcie, en compagnie de
quelques animaux domestiques qu’ils avaient en amitié et dont ils
comprenaient le langage.
Ils les protégeaient des "compères", les
méchants, toujours prêts à vouloir les dévorer ou les éliminer
eux-mêmes.
J’éprouvais une joie sereine et indicible
lorsque mes héros parvenaient à déjouer leurs mauvais tours et, le
danger passé, se retrouvaient réunis sains et saufs, à l’abri, dans
leur grotte douillette.
Et une peur viscérale et sans borne qui me
faisait pleurer et vite tourner la page lorsque l’ombre de l’aigle s’approchait
de l’agneau Mignonnet…
L’aigle, l’imprévisible oiseau de proie,
venu de l’immensité du ciel, le plus puissant, capable de voler, libre
des contingences terrestres, qui pouvait vous enlever dans ses serres et
vous emporter très haut dans son aire, inatteignable, pour vous donner en
pâture à ses aiglons voraces.
Marie-Françoise
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